Passation à Matignon : les réactions politiques pleuvent après le discours de Michel Barnier
© Accorsini Jeanne/Pool/ABACA - Michel Barnier est officiellement Premier ministre, jeudi 5 septembre.
Michel Barnier est officiellement devenu Premier ministre, jeudi 5 septembre. Il a aussi prononcé son premier discours, évoquant dans les grandes lignes sa feuille de route. Ce qui a provoqué de nombreuses réactions dans la sphère politique.
Humilité et détermination. Ce sont les mots d’ordre du nouveau Premier ministre, désigné par Emmanuel Macron après 50 jours d’attente. Au cours de sa première prise de parole, dans la cour de l’hôtel de Matignon lors de la passation de pouvoir, l’homme politique issu des Républicains a promis “des changements et des ruptures”. Concernant sa feuille de route pour les prochains mois, il évoque l'accès aux services publics, l'école, la sécurité au quotidien, la maîtrise de l'immigration, ou encore le niveau de vie des Français.
Une "trahison démocratique" pour la gauche
Un discours scruté attentivement par les membres des différentes forces politiques du pays. Michel Barnier y a notamment évoqué “les bonnes solutions apportées par les gens d’en bas, qu’il faut respecter”. Une tournure de phrase mal perçue par certains insoumis. “Premier discours, premier mépris de classe”, se fend vivement le député Thomas Portes sur X. “Tout est dit sur "l'humilité" rabâchée par l'usurpateur de Matignon”, raille de son côté Jean-Luc Mélenchon. Sur le réseau social, l'insoumise Sophia Chikirou et le communiste Ian Brossat n'ont pas non plus manqué de déplorer l'utilisation de cette tournure de "mépris" par le Premier ministre.
À la fin de sa prise de parole, Mathilde Panot, interrogée sur BFMTV, a qualifié la nomination de Michel Barnier à Matignon “d’insulte à la souveraineté populaire”. “Nous avons un président de la République battu dans les urnes qui nomme un Premier ministre minoritaire avec une orientation politique macrono-lepéniste”, a-t-elle affirmé à la suite de la passation. Même son de cloche chez son allié au NFP, le chef de file du PS, Olivier Faure. “C’est une trahison démocratique. C’est un parti qui a fait 5 % aux élections législatives qui va maintenant diriger la France. On dit aux Français qui votent, que rien ne change”, a-t-il déploré sur le plateau de C à vous. “J’ai été de ceux qui ont appelé au Front républicain, je ne vais pas maintenant accepter une politique menée sous la houlette de l’extrême droite”, a-t-il ajouté.
Eric Ciotti "jugera aux actes"
Une nomination qui ne satisfait pas non plus les deux autres membres du NFP, à savoir les Écologistes et le PCF. “On ne va pas nous faire avaler la pilule de ce qu'il s'est passé pendant 60 jours et qui aboutit aujourd'hui à ce fiasco républicain en expliquant qu'il a fait un truc pour l'écologie en 1997", a taclé Marine Tondelier, patronne des Écologistes. De son côté Fabien Roussel, secrétaire national du Parti communiste, a déploré : "Quand on a 50 ans de carrière politique, on sait ce qu'il a fait : il n'a jamais rien fait de social. Il n'a jamais rien fait pour les ouvriers, pour les services publics, au contraire, il a défendu une politique libérale qui a désindustrialisé la France et appauvri nos services publics". La coalition a annoncé qu'elle censurera un gouvernement Barnier.
À l’autre bout de l’échiquier politique, Eric Ciotti, président contesté des Républicains et nouvel allié du Rassemblement national, affirme “juger aux actes”. “Je soutiendrai ceux qui iront dans le sens de l’intérêt général et je sanctionnerai tous ceux qui participeront à la continuité des maux macronistes”, assure-t-il. Pour Louis Alliot, figure du Rassemblement national, Michel Barnier est le candidat qui "cumule le moins de handicaps pour tout le monde".
publié le 5 septembre à 21h39, Emma Allamand, 6Medias