Matignon : Michel Barnier promet "des changements et des ruptures"
© Blondet Eliot/ABACA - La poignée de main entre Gabriel Attal et Michel Barnier, le 5 septembre 2024
Après de longues semaines d'attente, Emmanuel Macron a décidé de nommer Michel Barnier au poste de Premier ministre. L'homme de droite prend donc la suite de Gabriel Attal. Il souhaite notamment "répondre aux défis, aux colères et aux souffrances" des Français.
La France a un nouveau Premier ministre. Il s'agit de Michel Barnier, 73 ans, homme de droite bien connu de la politique. Ancien ministre, il a également été chargé en 2021, au nom de l'Union européenne, de négocier les termes de la sortie du Royaume-Uni, après le vote du Brexit. Michel Barnier succède donc à Gabriel Attal. Le plus vieux Premier ministre nommé sous la Ve République remplace ainsi le plus jeune. La passation de pouvoir s'est tenue dans la cour de l'hôtel de Matignon, jeudi 5 septembre.
Après Gabriel Attal, Michel Barnier a pris la parole pour la première fois en tant que Premier ministre. Il s'est d'abord adressé à son prédécesseur, avec un brin d'humour taquin, lui demandant s'il pouvait "dire quelques mots", après le long discours du trentenaire. Et d'enchaîner, dans la même veine :"J'ai bien aimé la manière dont vous m'avez donné, non pas les leçons... mais les enseignements que l'on apprend quand on est Premier ministre, même si cela n'a duré que huit mois. Cela va m'être très très utile", a-t-il ainsi lâché dans un sourire et sous les rires de l'assistance et la mine quelque peu perplexe de Gabriel Attal.
Concernant les dossiers laissés par son prédécesseur, Michel Barnier a là encore imposé son style : "J'ai trouvé mon bureau un peu vide. J'ai compris qu'il y avait des tas de projets de loi en suspens (...) Je vais les reprendre, il y en a plusieurs auxquels je tiens d'ailleurs, et vous me permettrez d'ajouter ma petite valeur ajoutée", poursuit-il.
Immigration, sécurité et école sur sa feuille de route
"Nous sommes dans un moment grave. J'aborde cette période, cette nouvelle page avec beaucoup d'humilité" et de “détermination”, a ensuite repris Michel Barnier avec plus de sérieux. S'il ne compte pas présenter sa déclaration de politique générale devant le Parlement avant "quelques semaines", il a toutefois cité plusieurs sujets qui lui tenaient à cœur de reprendre. Il a ainsi évoqué l'accès aux services publics, à l'école, à la sécurité au quotidien, à la maîtrise de l'immigration, au travail ainsi qu'au niveau de vie des Français.
Pour mener à bien son mandat à Matignon, le Savoyard a également promis de mener son mandat à Matignon en "disant la vérité". "Il y aura aussi des changements et des ruptures. Il faudra enfin beaucoup d'écoute et beaucoup de respect, entre le gouvernement et le Parlement, à l'égard de toutes les forces politiques, et je dis bien toutes les forces politiques, vis-à-vis des partenaires sociaux, des partenaires économiques, des élus locaux", a-t-il également insisté.
"Il faudra davantage agir que parler"
"Il faudra davantage agir que parler", a martelé Michel Barnier. "Le gouvernement n'aura pas la prétention de croire que la science infuse vient seulement de lui", a lancé l'homme politique qui se veut être le Premier ministre du respect, de l'unité et de l'apaisement. "Au travail", a enfin conclu Michel Barnier, sans avoir évoqué Emmanuel Macron lors de son discours.
Cette passation était particulièrement scrutée alors que la classe politique est divisée sur la nomination de Michel Barnier. Si la droite, à l'instar de Xavier Bertrand et Laurent Wauquiez, s'est félicitée de son arrivée au poste de chef de gouvernement, la gauche, elle, crie à l'élection volée. Le PS, LFI, les Écologistes et le PCF ont d'ores et déjà annoncé qu'ils censureront un gouvernement Barnier.
publié le 5 septembre à 19h59, Ambre Deharo, Emma Allamand, 6Medias