Loi immigration : les principales réactions politiques après la large censure du Conseil constitutionnel
© JB Autissier / Panoramic - Le président du Rassemblement National, Jordan Bardella
Jeudi 25 janvier, le Conseil constitutionnel a censuré plus d'un tiers du texte sur la loi immigration. Les forces vives de l'opposition et de la majorité présidentielle n'ont pas manqué de réagir à cette décision.
Une décision aux allures de coup de tonnerre sur la droite de la scène politique. Le Conseil constitutionnel a décidé, jeudi 25 janvier, de censurer très largement la loi immigration, votée définitivement à l'Assemblée nationale le 19 décembre dernier. Les neuf Sages ont retoqué 32 des 86 articles du texte du fait de l'absence de lien entre leur objet et celui de la loi. Il s'agit principalement des mesures introduites par la droite et l'extrême-droite lors du passage en force du texte dans l'hémicycle. Une décision inattendue qui fait déjà réagir les personnalités politiques, entre soulagement et désarroi.
Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, se félicite que le Conseil constitutionnel a "validé l'intégralité du texte" initial. "Le Conseil constitutionnel valide l’intégralité du texte du Gouvernement : jamais un texte n’a prévu autant de moyens pour expulser les délinquants et autant d’exigence pour l’intégration des étrangers", a salué le ministre de l'Intérieur sur X (anciennement Twitter). "Le Gouvernement prend acte, comme j’ai pu l’indiquer lors des débats, de la censure de nombreux articles ajoutés au Parlement, pour non respect de la procédure parlementaire", a poursuivi le locataire de la place Beauvau.
Ancien ministre du Travail, qui a fait les frais du récent remaniement du gouvernement, Olivier Dussopt s'est dit "heureux", sur X, que les mesures d'intégration soient validées par le Conseil constitutionnel.
La droite et l'extrême-droite s'indignent
De son côté, le président du Rassemblement National, Jordan Bardella, a dénoncé "un coup de force des juges avec le soutien" d'Emmanuel Macron et appelle à un "référendum sur l'immigration". "Par un coup de force des juges, avec le soutien du président de la République lui-même, le Conseil constitutionnel censure les mesures de fermeté les plus approuvées par les Français : la loi immigration est mort-née. La seule solution, c’est le référendum sur l’immigration", a-t-il réagi sur X.
Par le biais d'un communiqué, Marine Le Pen réagi à la censure de nombreuses dispositions du texte. Elle estime que "seule une réforme de la Constitution permettra de répondre aux enjeux" migratoires. "Cette très large censure, de fond et de forme, souligne que seule une réforme de la Constitution permettra de répondre aux enjeux migratoires qui touchent de plein fouet notre pays", explique la cheffe de file des députés du Rassemblement National.
Après le camouflet du Conseil constitutionnel, Éric Ciotti l'accuse d'avoir "jugé en politique plutôt qu'en droit". "Le Conseil constitutionnel a censuré la loi Immigration. Ils ont jugé en politique plutôt qu’en droit. Cette censure était attendue par Emmanuel Macron et la gauche. Une réforme constitutionnelle apparaît plus que jamais indispensable pour sauvegarder le destin de la France !", a soutenu le président des Républicains sur X.
Le patron du groupe LR à l'Assemblée, Olivier Marleix, et celui du Sénat, Bruno Retailleau, ont de leurs côtés appelé de leurs vœux à ce que le gouvernement se penche sur une deuxième loi sur immigration. "N’en déplaise aux juges, l’immigration appelle un sursaut", a piqué le premier nommé.
Le dirigeant du parti d'extrême droite Reconquête, Eric Zemmour, réagit lui aussi, estimant qu'il ne reste plus rien dans la loi : "Comme je l'annonçais, il ne restera rien d'autre dans cette loi que la régularisation de 10 000 clandestins de plus par an, sans compter le regroupement familial. Merci Macron, merci Darmanin, merci Marine Le Pen et merci Eric Ciotti", a regretté l'ancien candidat à l'élection présidentielle sur X.
La gauche jubile
Le coordinateur national de La France insoumise, Manuel Bompard, s'est montré satisfait du retrait de plus d'un tiers du texte de la loi immigration mais espère son retrait total. "Le Conseil Constitutionnel vient de censurer plus du tiers de la loi immigration. Il rappelle que les pires délires racistes de #Macron et #LePen sont contraires à nos principes républicains. La loi est totalement amputée. Elle n’a aucune légitimité. Elle doit être retirée.", a-t-il publié sur X.
Le patron des socialistes, Olivier Faure, n'a pas caché sa "satisfaction" après la décision des Sages. "Le gouvernement portera comme une tâche indélébile l’appel à voter une loi s’alignant sur les positions historiques de l’extrême droite sous la pression de LR", a-t-il écrit sur X.
La députée écologiste Sandrine Rousseau a également réagi, estimant que malgré sa large censure, ce texte de loi laissera des traces dans la société. "Je me réjouis de la censure de nombreux articles de la #LoiImmigration , mais cette loi aura quand même été l’occasion d’une tribune ouverte aux idées d’extrême-droite. Et en cela si certains articles ne sont plus dans la loi, ils resteront pas les esprits", a écrit l'élue de Paris sur X.
publié le 25 janvier à 18h42, Quentin Marchal, 6Medias