Politique

"Les postes ministériels doivent être détenus par des Franco-Français, point final" : un député RN fait polémique

Alors que le Rassemblement national compte interdire aux binationaux d'accéder à des fonctions "sensibles" du renseignement, le député Roger Chudeau a estimé, jeudi 27 juin sur BFMTV, qu'un Français binational ne devrait également pas être nommé ministre.

C'est une déclaration qui ne manque pas de faire bondir les opposants du Rassemblement national (RN). Invité à réagir sur la question des binationaux sur BFMTV, le député sortant Roger Chudeau a estimé, jeudi 27 juin, que la mesure visant à empêcher les Français ayant aussi une autre nationalité d'occuper "des emplois extrêmement sensibles", devrait s'appliquer aussi pour les ministres. "Les postes ministériels doivent être détenus par des Franco-Français, point final. Ce qui s'applique à un haut fonctionnaire doit s'appliquer à un ministre", a-t-il affirmé.

Pour étayer ses propos, Roger Chudeau a directement visé Najat Vallaud-Belkacem, ancienne ministre de l'Éducation nationale, qui a la double nationalité franco-marocaine. "Je pense que c'était une erreur et ce n'est pas une bonne chose pour la République", a lancé le député RN. "Il y a un problème de double loyauté à un moment donné", juge-t-il. "Je vous trouve un peu sévères à l'égard de Monsieur Chudeau", a répondu l'ancienne ministre de l'Éducation nationale sur X. "J'ai envie, moi, de le remercier pour ce bel aperçu de ce que donnerait le RN au pouvoir : incompétence, racisme et mensonge", a-t-elle ajouté, priant les internautes d'aller voter les 30 juin et 6 juillet prochains.

Emmanuel Macron dénonce une "dissolution des esprits et des consciences"

Vendredi 28 juin, en marge du sommet européen à Bruxelles, Emmanuel Macron a vivement critiqué les propos de Roger Chudeau, dénonçant "une dissolution des esprits et des consciences". "La France s'est construite par de grandes figures. Je rappelle que parmi les premiers élus de la République, il y eut des non-Français qui ont fait notre République (...) Pouvoir dire cela aujourd'hui, c'est une dissolution des esprits et des consciences. Je ne m'y résous pas et je ne m'y résoudrai jamais, quoi qu'il arrive", a déclaré le chef de l'État. "On doit s'indigner. Ce n'est pas simplement un vote, c'est la possibilité même de vivre ensemble", a martelé Emmanuel Macron, à deux jours du premier tour des législatives anticipées, dimanche 30 juin.

Invitée de la matinale de CNews, vendredi 28 juin, Marine Le Pen s'est opposée aux propos du député de son parti. "Je suis estomaquée que notre collègue puisse exprimer un avis personnel totalement contraire au projet du RN. Nous avons pu envisager cette interdiction de la binationalité par le passé, j’y ai renoncé", assure celle qui s'est déjà déclarée candidate à la présidentielle 2027. "Je pense que Jordan Bardella ne laissera pas les choses en état", affirme-t-elle, sans pour autant affirmer que Roger Chudeau sera désinvesti par le RN aux législatives.

publié le 28 juin à 15h54, Quentin Marchal, 6Medias

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