Politique

Impôts, relations avec le RN... Michel Barnier s'explique après un mois passé à Matignon

© Jumeau Alexis/ABACA - Michel Barnier est l'invité de France 2 jeudi 3 octobre au soir pour une interview.

Michel Barnier est l’invité de l'émission "L'Événement" sur France 2 pour sa première grande émission politique depuis son discours de politique générale du 1er octobre. 48 heures après cette déclaration mouvementée à l’Assemblée, le Premier ministre revient sur son programme de hausse d’impôts et sur sa manière d’envisager ses relations avec les autres groupes politiques.

Un mois après sa nomination, et 48 heures après son discours de politique générale, Michel Barnier répondait aux questions de Caroline Roux lors de l'émission "L'Événement" sur France 2, jeudi 3 octobre. L’occasion pour le Premier ministre d’évoquer ses mesures phares de réduction du déficit et ses relations avec les autres partis politiques, qui ont déjà fait polémique.

Le sort de Michel Barnier entre les mains de Marine Le Pen et "de la gauche"

Interrogé sur les circonstances de son appel à Marine Le Pen, le chef du gouvernement a d’emblée affirmé "ne pas négocier avec" la présidente du groupe Rassemblement national (RN) à l’Assemblée. "J’ai simplement rappelé à Mme Le Pen que tous les députés seraient respectés", a-t-il réagi, en référence aux propos tenus par le ministre de l’Économie Antoine Armand, qui avait exclu le RN de "l’arc républicain". "Ça n’empêche pas d’avoir de grandes différences", a-t-il ajouté.

S’il a consenti que Marine Le Pen tenait son sort entre ses mains, le Premier ministre s’est fendu d’un "oui, mais comme la gauche", faisant sans doute référence à la nécessité de dialoguer compte tenu de la composition de l’Assemblée et de l’absence de majorité absolue. Mais il a tout de même rappelé que le socle du gouvernement "est minoritaire, mais moins minoritaire que les autres", en évoquant le soutien d’Ensemble pour la République (EPR).

Déficit : le Premier ministre étrille les gouvernements précédents

En revanche, en ce qui concerne le déficit, Michel Barnier n’a pas hésité à reprocher aux gouvernements précédents et donc à l’ex-majorité l’état des comptes publics. "Je dirai la vérité", a-t-il annoncé après avoir pointé des "efforts" pas "suffisants" de la part du gouvernement de Gabriel Attal ainsi que de ses prédécesseurs. Le Premier ministre a par ailleurs avoué avoir été "surpris par la situation financière" et ignorer jusqu’à récemment que le déficit atteindrait 6,1 % cette année.

Pour redresser les finances publiques, le chef du gouvernement a ensuite détaillé les différentes mesures qu’il comptait mettre en place. Sur la question des hausses d’impôts pour les grosses sociétés, il a assuré qu’elles ne concerneraient que "300 entreprises (pendant) un an ou deux ans" et qu’il n’y aurait "pas d’impôts nouveaux sur la grande majorité" d’entre elles. Le Premier ministre a tenu à rassurer les sociétés : "Je ne veux pas casser la croissance." Concernant les Français les plus fortunés, il a indiqué que les hausses d’impôts cibleraient les "gens en couple avec un revenu de 500 000 euros" par an.

"Fusionner des services publics"

Il faudra "trouver" 40 milliards d’euros pour combler la dette. Pour y répondre en partie, Michel Barnier a évoqué sur France 2 sa volonté de "fusionner des services publics" et de ne pas remplacer certains "fonctionnaires lorsqu’ils partent à la retraite" et "quand ils ne sont pas en contact direct avec les citoyens". Un moyen, selon lui, de "gagner quelques points de PIB".

Les allocations sont aussi dans le viseur du Premier ministre. "Aujourd’hui, ça paie plus de ne pas travailler que de travailler", a-t-il tancé. Pour cela, il a déclaré vouloir lancer "pour l’année prochaine" une réflexion et un travail sur "l’allocation sociale unique". Il s’est néanmoins engagé à indexer les retraites sur l’inflation et à ne pas aller au-delà du report de six mois annoncé.

L’usage du 49-3 pour l’adoption du budget pas écarté

Face à ces coupes budgétaires importantes à venir, le Premier ministre n’a pas écarté l’usage de l’article 49-3 pour adopter le budget de l’année 2025. S’il espère réussir à dialoguer et à trouver un compromis avec les autres groupes politiques, il a annoncé qu’il n’hésiterait pas à employer le dispositif si aucun accord n’émergeait car celui-ci est prévu par la Constitution, a-t-il rappelé.

"Peut-être des changements" sur la loi immigration

Une nouvelle loi immigration est-elle envisagée ? "Je ne vais pas annoncer des lois à l’avance, mais il y aura peut-être des changements à faire", a répondu Michel Barnier sur France 2. En référence au meurtre de Philippine par un Marocain sous le coup d’une Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF) qui n’avait pas été mise en oeuvre, le chef du gouvernement a martelé : "Il faut les exécuter."

"Il y aura des mesures rigoureuses pour maîtriser l’immigration, mieux contrôler les frontières européennes", a-t-il annoncé, avançant même l’idée que la France le fasse elle-même, sans l’Union européenne, si nécessaire. Le Premier ministre a tout de même tenu à rappeler que, quand elle est "choisie", l’immigration est "l’honneur de notre pays". Enfin, toujours sur cette même thématique, il a affirmé vouloir "mieux gérer l’aide médicale d’État" et "sécuriser les cartes vitale" pour éviter les "abus ou fraudes".

publié le 3 octobre à 21h30, Caroline Chambon, 6Medias

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