Immigration : Gérald Darmanin tend la main à la droite pour éviter le 49.3 ?
© Capture écran Franceinfo - Gérald Darmanin sait que sans la droite et le centre, il ne pourra pas faire passer son projet de loi immigration.
Pour que le projet de loi immigration soit adopté, le ministre de l'Intérieur l'assume : il doit faire un compromis avec la droite et le centre, a-t-il assuré vendredi 8 décembre sur Franceinfo. Sans cela, le gouvernement devra avoir recours au 49-3.
Le projet de loi immigration arrive à l'Assemblée pour les débats lundi 11 décembre, 16h. Des discussions qui promettent d'être sous haute tension, et un projet de loi central pour le gouvernement. Alors Gérald Darmanin, qui porte le projet avec Olivier Dussopt (ministre du Travail) veut mettre toutes ses chances de son côté. Il a assumé vendredi 8 décembre, au micro de Franceinfo, de devoir "faire un compromis avec la droite et le centre".
Et d'étayer son argument : "Il y a deux solutions : soit il y a un 49.3 parce qu'on ne veut pas discuter avec les oppositions. Mais dans ces cas-là, il faut le dire tout de suite. Mais ni les parlementaires, ni moi-même, ni la Première ministre ne le veut. Soit il y a une discussion avec ceux qui pourraient composer une majorité pour ce texte".
Le Sénat avait considérablement durci le texte de loi le 14 novembre dernier en actant la fin de l'aide médicale d'État (AME) pour la remplacer par l'aide médicale d'urgence, qui "recentrerait" l'aide sur "les maladies graves et les douleurs aiguës". Il avait supprimé le fameux article 3 au centre des tensions avec la droite qui permet de régulariser les travailleurs sans-papiers dans les métiers en tension, et mis fin au droit du sol, ou encore imposait la limitation du regroupement familial.
Un article 3 nouvelle version
Le texte sénatorial a été largement remanié en Commission à l'Assemblée nationale. De quoi faire grincer des dents nombres d'élus Républicains : l'AME est de retour et une proposition de compromis a été faite concernant l'article 3. Le chef de file des sénateurs LR Bruno Retailleau fustigeait mardi dans les colonnes du Parisien un "texte inutile". "Les députés macronistes et de gauche ont complétement détricoté le travail du Sénat. (...) Un tiers de la loi, soit 31 articles, a été supprimé", s'est-il plaint.
Et jeudi, lors de la niche parlementaire des LR, Gérald Darmanin a eu un vif échange avec Eric Ciotti : "Votre projet de loi ne nous permettra pas de faire prévaloir la volonté du peuple français sur les jurisprudences nationales ou supranationales qui nous condamnent trop souvent à l'impuissance", a tancé le patron des LR. Son camp a proposé deux textes de loi jeudi soir sur l'immigration. Les deux ont été rejetés.
"Ce qui m'intéresse, c'est de travailler pour les Français. Il faut une majorité à l'Assemblée nationale, il faut donc un compromis", a insisté Gérald Darmanin ce vendredi matin. Et le gouvernement veut s'assurer que toutes ses forces se jetteront dans la bataille pour défendre ce projet de loi. Alors Elisabeth Borne a demandé "l'annulation de l'ensemble des déplacements ministériels" prévus lundi 11 décembre, selon Franceinfo.
L'objectif : s'assurer de la présence de l'intégralité de la majorité pour le début des débats lundi à 16 heures, et qu'aucun député ne soit en déplacement sur sa circonscription à ce moment-là, avec un ministre.
publié le 8 décembre à 11h55, Martin Pereira, 6Medias