Immigration : Emmanuel Macron exprime son désaccord avec le ministre de l'Intérieur
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Le Président de la République a déclaré samedi sur France Inter que l'immigration n'était pas forcément "mauvaise", prenant ainsi des distances avec Bruno Retailleau. Le ministre de l'Intérieur avait en effet affirmé, la semaine dernière, que "l'immigration n'est pas une chance".
"On aurait pu décider qu'on aurait mieux fait de la physique nucléaire sans la Polonaise Marie Curie" ou "qu'on aurait pu danser beaucoup mieux sans Charles Aznavour" : c'est par ces propos sans ambiguïté qu'Emmanuel Macron, samedi sur France Inter, a marqué son désaccord avec ceux tenus quelques jours auparavant par le ministre de l'Intérieur. Le 30 septembre dernier, Bruno Retailleau avait en effet déclaré "l'immigration n'est pas une chance". Une déclaration en lien avec le viol et le meurtre de Philippine, étudiante parisienne de 19 ans, par un ressortissant marocain frappé d'OQTF.
"Nous sommes un pays ouvert depuis toujours"
"Est-ce que l'immigration c'est mauvais ? La réponse est non" a tranché Emmanuel Macron dans son intervention relayée par TF1. "Nous sommes un pays ouvert depuis toujours, qui a vécu de l'immigration européenne, non européenne, qui est bousculé" a-t-il ajouté. Faut-il y voir une prise de distance avec Bruno Retailleau ? Ce dernier, qui incarne la droite la plus dure du gouvernement Barnier, a d'ores et déjà fait de l'immigration son cheval de bataille et a annoncé son intention de mettre en place des mesures fortes dans ce domaine : rétablissement du délit de séjour irrégulier, extension du délai en centre de rétention des étrangers en situation irrégulière jusqu'à 7 mois, renforcement des contrôles aux frontières, diminution des droits sociaux des migrants afin "d'être moins attractif"... Emmanuel Macron n'a pas commenté ces propositions faites par son ministre de l'Intérieur, mais a affiché une position très différente : "Les binationaux sont des millions, les Français issus de l'immigration tout autant. C'est une force. La difficulté du moment, c'est comment lutter contre les trafiquants d'êtres humains. Quand les gens fuient la guerre, les troubles, nous devons accueillir. C'est l'asile, il est inconditionnel".
Difficile, dans ce contexte, de prédire quelle sera la ligne du gouvernement concernant les problématiques liées à l'immigration. Entre Michel Barnier qui affirme son intention de la "maîtriser" - tout en restant vague lors de son discours de politique générale mardi, Bruno Retailleau qui adopte une posture radicale et Emmanuel Macron qui à demi-mot, semble le recadrer, les débats promettent d'être chaotiques au sommet de l'État.
publié le 5 octobre à 21h09, Sabrina Guintini, 6Médias