Finances publiques : le rapport alarmant de la Cour des comptes
© Capture d'écran France Inter
Invité de France Inter lundi 15 juillet, Pierre Moscovici, premier président de la Cour des Comptes et ancien ministre de l’Économie, tire la sonnette d’alarme sur la dette publique française. Un constat publié dans un rapport de la Cour des Comptes et en raison duquel il enjoint le futur gouvernement à agir pour les finances publiques.
Lundi 15 juillet, la Cour des Comptes a publié son rapport sur l’état des finances publiques de la France en 2023. Sur France Inter, Pierre Moscovici, premier président de la Cour des Comptes et ancien ministre de l’Économie, a présenté ce rapport et tiré la sonnette d’alarme. 2023 étant une très mauvaise année pour les finances publiques du pays "avec un dérapage des déficits de 0,6 points de PIB, ce qui est pratiquement inédit", a expliqué Pierre Moscovici.
La dette publique est de "3 100 milliards d'euros" et "elle sera probablement de 3 600 milliards d'euros en 2027", a précisé Pierre Moscovici. Il a aussi indiqué que "nous payons chaque année déjà 52 milliards pour la rembourser" et qu’il faudra payer "80 milliards pour la rembourser en 2027". Ce qui veut dire "qu'il n'y a plus de marge de manœuvre pour faire le reste !", a-t-il alerté. "Les autres se sont désendettés alors que nous n'avons jamais entrepris d'efforts de désendettement", a-t-il renchéri.
Des hausses de prélèvements obligatoires qui interrogent
Dans son rapport, la Cour de Comptes pointe notamment du doigt un élément qui l'interpelle concernant la trajectoire budgétaire du gouvernement. "En plus d’être fondée sur des hypothèses de croissance trop optimistes, elle suppose à la fois des économies en dépense sans précédent et des hausses importantes des prélèvements obligatoires qui ne sont pas précisées", peut-on lire. Selon Pierre Moscovici, ces chiffres "sont ceux du programme de stabilité, qui prévoyaient en effet quelque 21 milliards d’euros de prélèvements obligatoires supplémentaires", pour les deux prochaines années.
Le document indique donc que "des mesures de hausses d'impôts d'ampleur, à hauteur de 15,0 milliards d'euros en 2025 et de 6,2 milliards d'euros en 2026, soit 21,2 milliards à cet horizon", sont à prévoir et s'interroge sur la provenance de l'argent. Pour l'expliquer, Bruno Le Maire a évoqué la fin du bouclier tarifaire. Mais la Cour des Comptes à estimé que son "extinction contribuera à hauteur de 4 milliards d'euros en 2025". "Le reste des mesures envisagées, de l’ordre de 17 milliards d'euros, n’est pas précisé", soulignent les magistrats financiers.
Le futur gouvernement "devra s'emparer de cette situation de finances publiques"
Alors que la situation politique en France n’est pas stable, l’ancien ministre de l’Économie a lancé un appel "aux forces politiques" : "Qui que ce soit qui gouverne demain la France, le prochain gouvernement devra s'emparer de cette situation de finances publiques". Ce futur gouvernement devra également "réduire notre endettement". Il a aussi martelé que "réduire la dette publique, ce n’est pas une politique de droite, ce n'est pas une politique de gauche, c'est un impératif pour tous" et que "c’est le prochain gouvernement qui devra traiter cette situation : je dis bien le prochain". Et d’ajouter : "Ça, ça s'appelle la démocratie. C'est tout à fait important qu'il en aille ainsi."
publié le 15 juillet à 17h15, Capucine Trollion, 6Medias