Politique

Expulsion des demandeurs d'asile déboutés : Bruno Retailleau serait en pourparlers avec l’Irak, l’Égypte et le Kazakhstan

© Alexis Jumeau/ABACA

Le ministre de l’Intérieur serait en négociation avec trois pays vers lesquels la France pourrait expulser de nombreux ressortissants arrivant depuis des territoires avec qui elle n’a pas de laissez-passer consulaire ou avec qui les relations sont tendues. Emmanuel Macron affiche son scepticisme.

D'après une information de l'Opinion reprise par le JDD, le ministre de l'Intérieur français aurait entamé des négociations avec l’Irak, l’Égypte et le Kazakhstan pour y envoyer des demandeurs d’asile déboutés. Ainsi, l’État pourrait expulser des ressortissants qui arrivent depuis des pays avec qui la France n’a pas de laissez-passer consulaire, ou avec qui les relations sont tendues. Bruno Retailleau souhaiterait renvoyer en Égypte les personnes venues d’Afrique de l’Est et du Maghreb, au Kazakhstan ceux qui arrivent depuis l’Afghanistan, dont le régime taliban n’entretient plus de lien diplomatique avec la France, et l’Irak accueillerait les ressortissants syriens, détaille le JDD. Ce dispositif affiche comme modèle l'exemple italien. Le gouvernement de Giorgia Meloni a en effet signé un accord de ce type avec l'Albanie. Depuis le 16 octobre, les migrants arrêtés sur la côte italienne sont ainsi expulsés automatiquement en territoire albanais, conformément à l'accord conclu entre les deux pays. Le locataire de Beauvau y voit une façon d'augmenter fortement le nombre d'expulsions de migrants clandestins.

Une réunion lundi entre Emmanuel Macron et Bruno Retailleau

Ce projet ne semble pas susciter une franche adhésion du côté de l'Élysée, comme le note Le Figaro. Au sommet des Vingt-Sept, à Bruxelles, alors que la mutualisation des moyens européens pour lutter contre l'immigration illégale était au programme, Emmanuel Macron a affiché sa circonspection concernant la "solution italienne" : "Qu’on ait des discussions avec des pays tiers qui accepteraient de garder les gens qu’on ne veut pas accepter et que les pays d’origine ne prennent pas, je suis plus sceptique" a-t-il affirmé. Pour lui, "les règles sont claires, elles sont dans nos textes; je les ai toujours rappelées". Emmanuel Macron continue, pour sa part, de plaider pour une application accélérée du Pacte asile et migrations : "Je suis pour qu’on dissuade et qu’on empêche les gens d’arriver sur le sol européen lorsqu’ils suivent des mouvements clandestins organisés. Je suis pour qu’on puisse accueillir les femmes et les hommes qui, combattants de la liberté, ont vocation à avoir l’asile dans notre pays. Et je suis pour qu’on soit beaucoup plus efficace sur les politiques de retours vers les pays d’origine".

Pour autant, le chef de l'État ne se dit pas "en décalage" avec les propositions de Bruno Retailleau : "Je ne fais de procès à personne. Avoir un gouvernement et un ministre de l’Intérieur qui veulent lutter plus efficacement contre l’immigration clandestine, irrégulière, et tous ces mouvements qui exploitent la misère, c’est une bonne chose". Une rencontre est prévue lundi entre les deux hommes, lors de laquelle la question sera mise sur la table.

publié le 18 octobre à 14h40, Sabrina Guintini, 6Médias

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