Politique

Europe : ce qu'il faut retenir du discours d'Emmanuel Macron à la Sorbonne

Le chef de l’État a prononcé jeudi 25 avril un discours à la Sorbonne destiné à promouvoir une "Europe puissance". Mais en coulisses, cette intervention est surtout destinée à faire décoller la campagne de la liste du parti présidentiel, à la peine dans les sondages.

Le parti présidentiel espère booster sa campagne des élections européennes. Jeudi 25 avril, Emmanuel Macron a donné un discours sur l'Europe depuis la Sorbonne et espèrait plus que jamais servir de détonateur pour faire décoller sa tête de liste Valérie Hayer dans les sondages. Pour rappel, la liste macroniste est largement distancée, selon les récentes études, par celle du Rassemblement national de Jordan Badella et voit même celle du socialiste Raphaël Glucksmann se rapprocher. "Nous n'avons pas tout réussi, il faut être lucide", a reconnu le chef de l’État au début de son discours.

"En septembre 2017, je disais que notre Europe ne voulait plus ou ne proposait plus, par habitude ou par conformisme", a poursuivi le président de la République. Alors fraîchement élu, Emmanuel Macron disait vouloir participer à "bâtir une Europe plus souveraine, plus unie, plus démocratique". "Nous n'avons pas tout réussi, il faut être lucide", a-t-il reconnu, mais l'idée de souveraineté s'est, selon lui, "imposée". "Rarement l'Europe aura autant avancé" malgré les crises, estime le président de la République, qui cite celles du Brexit, de la Covid-19 et de la guerre en Ukraine. "Plus personne n'ose tellement proposer des sorties de l'Europe ni de l'euro", a ensuite taclé Emmanuel Macron, en référence directe au RN qui a totalement changé de position en la matière.

"Notre Europe est mortelle, elle peut mourir"

Emmanuel Macron est ensuite revenu sur plusieurs avancées de l'Europe durant sa présidence. Le président de la République s'est notamment félicité de l'accord sur l'asile et l'immigration. Adopté par le Parlement européen en avril 2024, il permet "la maîtrise de nos frontières", s'est félicité Emmanuel Macron, évoquant un "acquis essentiel" des "dernières années". Le chef de l'État a également salué la "vraie stratégie d'autonomie" de l'Europe vis-à-vis de la Russie, depuis le début de l'invasion en Ukraine, en février 2022. Pour éviter que l'Europe ne meure, "la solution est dans notre capacité à prendre des décisions stratégiques massives, d'assumer des changements de paradigme, et y répondre par la puissance, la prospérité et l'humanisme", a martelé Emmanuel Macron.

Dans son discours, Emmanuel Macron a ensuite estimé que le "modèle économique" de l'Europe "n'est plus soutenable" à l'heure actuelle. Il a appellé à "revoir le modèle de croissance" et a mis en garde face à un "risque immense" à "l'horizon de la prochaine décennie". "Le risque est immense d'être fragilisé, voire relégué parce que nous sommes dans un moment inédit de bouleversements du monde, d'accélération de grandes transformations", a jugé le président de la République. "Notre Europe est mortelle, elle peut mourir", a-til dit. Avant d'ajouter : "Cela dépend de nous."

La défense et l'immigration au cœur du discours

Emmanuel Macron s'est ensuite longuement attardé sur les questions de sécurité et de défense européenne. Concernant la guerre en Ukraine, le chef de l’État "assume" d'avoir "réintroduit une ambiguïté stratégique" avec la Russie. "Nous devons être crédibles, dissuader, être présents et continuer l'effort", a-t-il soutenu. Plus généralement, Emmanuel Macron souhaite "une capacité européenne de cybersécurité et de cyberdéfense" et appelle à un "concept stratégique" de "défense européenne crédible". "Dans les prochains mois, j'inviterai tous nos partenaires à bâtir cette initiative européenne de défense qui doit d'abord être un concept stratégique, dont nous déduirons ensuite les capacités pertinentes", a-t-il expliqué. Enfin, Emmanuel Macron souhaite favoriser l'achat d'armement sur notre continent avec la mise en place d'une "préférence européenne".

En matière d'immigration, Emmanuel Macron plaide pour "une vraie coordination" européenne qui "passera par davantage de coordination avec les pays d'origine et de transit, des conditionnalités plus franches et une lutte sans relâche contre le modèle économique des passeurs et des trafiquants d'êtres humains". "L’immigration rentre dans l’espace européen par d’autres frontières, et la France plus que d’autres a besoin d’une politique efficace car elle commence aux frontières européennes et pas françaises", a-t-il martelé.

publié le 25 avril à 13h15, Quentin Marchal, 6Medias

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