Politique

Étudiante iranienne arrêtée : passe d'armes entre Sandrine Rousseau et la réalisatrice franco-iranienne Marjane Satrapi

© Jumeau Alexis/ABACA

Après avoir salué le courage d'une étudiante iranienne qui s'était dévêtue pour protester contre le port du voile obligatoire, la députée écologiste Sandrine Rousseau a été prise à partie par Marjane Satrapi. L'autrice de "Persépolis" lui a notamment reproché d'anciens propos tenus sur le port du voile.

L'image avait fait le tour des réseaux sociaux : celle de l'étudiante iranienne Ahou Daryaei, qui s'est mise en sous-vêtements en public à l'université d'Azad à Téhéran. Elle l'aurait fait en signe de protestation après avoir été harcelée par des membres du Basij, une force paramilitaire iranienne, pour un voile mal porté. La jeune femme a ensuite été arrêtée par les autorités iraniennes et placée dans un hôpital psychiatrique. Cet acte de défiance envers le régime des mollahs a reçu le soutien de nombreuses militantes pour les droits des femmes dans le monde, parmi lesquelles la députée écologiste Sandrine Rousseau. "Notre corps, et tout ce que l’on met – ou pas — pour le vêtir, nous appartient. Force aux Iraniennes, aux Afghanes, à toutes celles qui subissent l’oppression", avait-elle écrit sur X (ex-Twitter) le 3 novembre dernier. Une prise de position qui a déplu à l'artiste franco-iranienne Marjane Satrapi.

Dans une vidéo publiée sur le même réseau social, l'autrice de Persépolis s'est insurgée, rappelant que Sandrine Rousseau s'était faite "huée" lors d'un rassemblement pour le mouvement "Femme, Vie, Liberté" pour avoir précédemment "déclaré que le voile est l’embellissement de la femme". Elle avait ensuite critiqué une comparaison entre les Iraniennes "qui pour enlever leur voile se font arrêter, torturer" et "la jeune fille ici en France qui décide de se voiler". "À force de ne pas vouloir être raciste, vous jouez le jeu des fanatiques. (...) Que vous ne compreniez pas la situation, c’est OK, tout le monde a le droit d’être con mais à ce moment-là vaut mieux se taire", avait-elle conclu.

Sandrine Rousseau "menacée de mort"

Invitée sur le plateau de BFMTV vendredi 8 novembre, Sandrine Rousseau s'est défendue. "On ne traite pas une députée de conne", a-t-elle réagi. "Depuis cette vidéo, j’ai dû annuler des prises de parole publiques parce que j’étais menacée de mort", a-t-elle ajouté. La députée de la 9e circonscription de Paris a ensuite voulu clarifier sa position quant au port du voile. "Cette femme [Ahou Daryaei] est d’un courage inouï et que les Iraniennes subissent l’oppression, il n’y a aucun doute là-dessus. (…) Moi ce que je souhaite pour les Iraniennes c’est la liberté qu’elles portent ce qu’elles veulent", explique-t-elle. Et précise : "J'ai juste dit que si une femme se trouve plus belle avec un foulard sur la tête, elle a le droit, et je ne vois pas où est le problème". "Nous sommes en démocratie, la préserver c’est ne pas insulter ses élus et élues", a-t-elle ajouté par la suite sur X, samedi 9 novembre.

publié le 9 novembre à 18h03, Floréane Marnier, 6 medias

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