Censure, 49.3, retraites : François Bayrou s'explique sur son nouveau gouvernement et ses positions
© Capture - BFMTV - François Bayrou.
Invité exceptionnel de BFMTV, lundi 23 décembre, François Bayrou est revenu sur les ministres nommés un peu plus tôt dans son gouvernement, mais également sur ses positions politiques. Voici ce qu'il fallait retenir.
Le suspense a été levé lundi 23 décembre, en début de soirée. La France a enfin un gouvernement. Alexis Kohler, secrétaire général de l'Élysée, l'a dévoilé. Environ une heure plus tard, François Bayrou est allé lui-même faire le service après-vente sur le plateau de BFMTV. Il s'est expliqué sur le choix de ses nouveaux ministres, mais également sur ses positions politiques sur le 49.3 ou la réforme des retraites, ainsi que sur son rapport avec Emmanuel Macron.
Pas de censure en vue
François Bayrou en est "persuadé", dit-il, son gouvernement ne sera "pas censuré". L'opposition de gauche comme de droite n'a pourtant pas tardé à manifester son mécontentement après l'annonce de la composition de l'exécutif. Mais le Premier ministre est confiant. Et ce, même s'il concède qu'"aucun parti" n'est "content" de cette composition. Et de lancer : "Ce n'est pas le problème du gouvernement." Il insiste par ailleurs sur l'ordre de ses ministères, le premier étant celui de l'Éducation nationale, tenu par Elisabeth Borne.
François Bayrou justifie le retour de Manuel Valls
Il est l'un des noms qui a fait le plus réagir à l'annonce du gouvernement. Manuel Valls fait son retour, au portefeuille des Outre-mer. Un choix en lequel le Premier ministre croit, lui qui qualifie l'ancien Premier ministre de François Hollande d'"audacieux", "un peu kamikaze", "qui ne craint pas le risque". Il rappelle par ailleurs que Manuel Valls "est naturellement en conflit avec la gauche" et réfute toute "histoire de marchandage" avec le Parti socialiste qui aurait visé à obtenir les faveurs du parti pour éviter une censure.
Le retour de Gérald Darmanin
Le Premier ministre a également dû s'expliquer sur la nomination de Gérald Darmanin au ministère de la Justice. L'homme politique, longtemps ministre de l'Intérieur, avait commenté la possible inéligibilité de Marine Le Pen dans le cadre du procès des assistants parlementaires européens du RN. Il avait notamment jugé problématique le fait que Marine Le Pen puisse ne pas se présenter à la prochaine élection présidentielle, compte tenu de l'opposition qu'elle représente. Pour François Bayrou, la position de Gérald Darmanin n'est pas incompatible avec sa nouvelle nomination, le ministre de la Justice étant "absolument incapable" d'influencer une décision de justice, a-t-il insisté sur BFMTV.
Une position ferme sur la réforme des retraites
Lors de son passage sur le plateau de BFMTV, François Bayrou a confirmé sa position sur la réforme des retraites. Contrairement à la gauche, le locataire de Matignon a affirmé qu’il ne comptait ni suspendre ni abroger le texte. "Non, je ne ferai pas ça. Dans quel monde vivent-ils [les figures de la gauche, NDLR] ? Est-ce qu’ils savent que la France est observée, scrutée par les agences de notation", a-t-il rappelé. "Je reste partisan intellectuellement de la retraite à points qui a été écartée et à mon avis, qui propose ou offre des possibilités de trouver des compromis", a-t-il poursuivi, précisant que "c’est la réforme actuelle qui continuera à s’appliquer", en l’absence de consensus avec les autres partis.
François Bayrou prêt à utiliser le 49.3 ?
Sur les retraites comme sur d’autres sujets, François Bayrou prône la voix du dialogue afin de trouver des compromis, voire un terrain d’entente. Au micro d'Apolline de Malherbe et de Benjamin Duhamel, l’homme politique a réaffirmé qu'il n'"utilisera le 49.3 qu’à la dernière extrémité". "Pour les autres textes, j’ai l’intention d’aller au bout des débats", a-t-il souligné.
Immigration : des divergences avec Bruno Retailleau
Même s’il a renouvelé le mandat de Bruno Retailleau au ministère de l'Intérieur, François Bayrou semble vouloir appliquer une politique moins agressive. Le locataire de Matignon a en effet expliqué qu’il ne voulait pas de "grande loi" sur l’immigration, préférant donner la "priorité à l'exécution et à l'application des mesures qui ont [déjà] été votées". "J'ai discuté de ça avec Bruno Retailleau : […] pas de grande loi destinée à faire, en fait, de la communication. Prenons les problèmes un par un, y compris par des propositions de loi des assemblées", a-t-il poursuivi.
Pas d'ultimatum imposé à Emmanuel Macron
Enfin, le Premier ministre s’est exprimé sur sa relation avec le président de la République. François Bayrou a notamment expliqué qu’il n’avait pas contraint le chef de l’État à le nommer à Matignon, comme le laissaient entendre certains bruits de couloir. "Je l'ai convaincu [...] Ce n'est pas lui qui est au pied du mur, c'est le pays", a déclaré le chef du gouvernement, avant de conclure : "Il n’y a aucune sorte de conflit, de compétition. On aura peut-être des positions divergentes."
publié le 23 décembre à 22h10, Ambre Deharo et Tanguy Jaillant, 6Medias