Politique

"Ce ne sont pas les communes qui créent de la dette, c'est l'État" : le maire de Lyon fustige les efforts demandés aux collectivités dans le budget 2025

© Capture d'écran/ BMFTV - Grégory Doucet, maire Europe Écologie Les Verts de Lyon (Rhône) sur BFMTV, le 19 novembre 2024.

Parmi les efforts demandés aux Français, le gouvernement de Michel Barnier envisage de demander 5 milliards d'euros d'économies aux collectivités locales. Une goutte d'eau qui fait déborder la colère des édiles, qui manifestent ce mardi 19 novembre au Congrès des maires de Paris. Grégory Doucet, le maire de Lyon, a dénoncé sur BFMTV une "pénitence pour des erreurs commises par d'autres".

Les agriculteurs ne sont pas les seuls à faire entendre leur colère contre le gouvernement. Mardi 19 novembre, les maires français protestent contre les économies qui leur sont demandées par l'exécutif dans le cadre du budget 2025 : un montant de 5 milliards. Alors que s'ouvre le Congrès des maires de France à Paris dans une ambiance électrique, Grégory Doucet, le maire de Lyon, a fait part de son incompréhension ce mardi matin, à l'antenne de BFMTV. "Cela va affecter à la fois nos fonctionnements, le personnel que l'on met dans les crèches, le nombre de policiers municipaux [...], et nos investissements, la rénovation thermique d'une école qu'on ne va pas pouvoir faire, la solarisation des bâtiments", a expliqué l'édile écologiste.

"Les communes sont passées de 9,2 à 8,9% du PIB en dette, quand l'État est passé de 33,7 à 90%"

"Les communes aujourd'hui, ce ne sont pas elles qui pèsent sur la dette de l'État", a également pointé l'élu, qui rappelle qu'"en trente ans, les communes sont passées de 9,2 à 8,9% du PIB en dette, quand l'État est passé de 33,7 à 90% du PIB". "Ce ne sont pas les communes qui créent de la dette, c'est l'État, et donc ce qu'il faut réformer, c'est l'État", a encore appuyé Grégory Doucet. Une situation inacceptable pour les maires, a-t-il estimé : "Quand on ne peut plus se mettre au service des autres, il n'y a rien de plus frustrant. On nous demande de faire pénitence pour des erreurs commises par d'autres, ce n'est pas possible", a-t-il ajouté.

Une ligne partagée par Véronique Pouzadoux, maire DVD (Divers Droite) de Gannat, dans l'Allier, invitée sur le même plateau : "J'ai pris [les propos de Thomas Cazenave, l'ex-ministre des Comptes publics, Ndlr] personnellement. [...] Mon budget je l'ai fait toute seule, toutes mes lignes je les connais, et ça c'est les trois quarts des maires de France qui font cela. [...] Il n'avait pas le droit de dire cela", a tancé l'élue, soulignant que "l'effort est trop gros" et s'est dit encore remontée contre les déclarations de l'ex-ministre de l'Économie, Bruno Le Maire.

"Qui va gueuler ? Ce sont les citoyens, et ils s'en prendront aux maires"

De nombreux élus, mobilisés ce mardi 19 novembre en marge du Congrès des maires de France, ont fait part de leur détresse à franceinfo. En tête des témoignages, Emmanuel Sallaberry, le maire de Talence, en Gironde, va devoir sacrifier des services publics pour trouver 2 millions d'euros afin de rentrer dans son budget 2025 : "Je ne sais pas où trouver de telles sommes en si peu de temps", déplore-t-il, dénonçant une "folie" de la part de l'État. Chacun se demande quelles coupes opérer : "On sait que le sport et la culture vont trinquer en premier alors qu'il y a quelques semaines encore, on parlait de l'héritage des Jeux olympiques", s'agace Emmanuel Sallaberry.

"Je ne baisserai pas les aides et les subventions pour les associations culturelles, sportives et sociales", affirme de son côté Samuel Hazard, maire de Verdun (Meuse). Tout comme son homologue de La Rochelle (Charente-Maritime), le socialiste Jean-François Fountaine, l'édile n'aura d'autre choix que de ne pas remplacer certains départs à la retraite. "Quand on doit dire non à une association qui attend depuis deux ans un financement de 30 000 euros, les gens ne sont pas contents", pointe François Debat, maire socialiste de Bourg-en-Bresse (Ain).

En arrière-plan, la crainte de voir les tensions dont se disent victimes de nombreux maires augmenter : "Si on fait moins de travaux, qui va gueuler ? Ce sont les citoyens, et ils s'en prendront aux maires", s'inquiète encore Samuel Hazard auprès de nos confrères. Le président de l'association des maires de France (AMF), David Lisnard (LR), a pour sa part prévenu que les maires pourraient être "les prochains Gilets jaunes".

publié le 19 novembre à 12h23, Joanna Wadel, 6Medias

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