"Ça n'est pas intangible, ni sacré" : Bruno Retailleau s'attire les foudres des politiques après ses propos sur l'État de droit
© Blondet Eliot/ABACA - Les propos tranchés de Bruno Retailleau, le nouveau ministre de l'Intérieur, sèment le trouble.
Une partie de la macronie se joint à la gauche pour dénoncer les propos tenus dimanche 29 septembre par le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, dans le JDD sur l'État de droit. Élisabeth Borne et Yaël Braun-Pivet s'opposent avec fermeté à la position du nouveau locataire de Beauvau.
À peine arrivé au ministère de l'Intérieur, Bruno Retailleau, le successeur de Gérald Darmanin, s'attire déjà les foudres et critiques de la classe politique. Il faut dire que dès sa prise de fonctions, le discours tranché du ministre, qui n'a jamais caché ses positions conservatrices, n'a pas fait l'unanimité. C'est cette fois un entretien accordé au JDD samedi qui suscite de vives réactions. "L'État de droit, ça n'est pas intangible, ni sacré [...] C'est un ensemble de règles [...] mais la source de l'État de droit, c'est la démocratie, c'est le peuple souverain", a déclaré Bruno Retailleau. Des propos tenus dans le cadre de l'affaire Philippine, qui ne sont pas du goût d'Élisabeth Borne, comme elle l'a fait savoir ce lundi 30 septembre sur BFMTV-RMC.
"Quand on est aux responsabilités..."
"L'État de droit dans une démocratie, c'est quelque chose de sacré", a rétorqué l'ancienne Première ministre. "Quand on est aux responsabilités, il faut absolument avoir des propos apaisants, éviter les propos clivants. A fortiori quand on est face à l'Assemblée telle qu'elle se présente aujourd'hui", a-t-elle poursuivi sur un ton grave. Il faut "éviter de crisper" les Français, qui "peuvent avoir des attentes contradictoires", comme celles qu'ils ont exprimé lors des élections législatives, a averti Élisabeth Borne.
Le camp présidentiel vent debout
"L'État de droit, c'est ce qui protège nos concitoyens. C'est le principe de séparation des pouvoirs entre l'exécutif, le législatif et le judiciaire", a répondu de son côté Yaël Braun-Pivet, présidente de l'Assemblée nationale, interrogée ce lundi matin sur France 2.
Et celle qui vient d'être réélue au perchoir n'est pas la seule à faire part de son inquiétude : le député de la Vienne (ex-Renaissance) Sacha Houlié se dit sur X,"consterné par la gravité et l’accumulation des déclarations scandaleuses du nouveau ministre de l’Intérieur". Et d'ajouter dans sa publication : "J'observe dans ce cas précis l'absence de recadrage valant approbation du Premier Ministre", faisant savoir qu'il votera la censure du gouvernement Barnier. Marc Fesneau, chef du groupe MoDem de l'Assemblée nationale, a également fait part de sa désapprobation.
Sacha Houlié fait référence au recadrage opéré par Michel Barnier à l'encontre de son ministre de l'Économie, Antoine Armand, après que celui-ci a refusé de traiter de tout dossier avec le Rassemblement national qu'il n'inclut pas dans "l'arc républicain". Face au tollé, une source gouvernementale a néanmoins glissé à franceinfo ce lundi qu'il est "hors de question de remettre en cause ne serait-ce qu'un centimètre de l'État de droit qui est un pilier majeur de notre République". Un message qui pourrait être repris dans la déclaration de politique générale de Michel Barnier devant l'Assemblée nationale, mardi 1er octobre.
publié le 30 septembre à 16h49, Joanna Wadel, 6Medias