"C'est le bordel et Macron adore ça !" : les ministres lassés du gouvernement démissionnaire
© Xinhua/ABACAPRESS.COM/Gao Jing
Après qu'Emmanuel Macron a refusé la démission de Gabriel Attal, le gouvernement est dans un entre-deux peu confortable pour les ministres. Certains ont confié leur agacement à BFMTV.
Cela fait maintenant quatre jours qu'Emmanuel Macron a refusé la démission de Gabriel Attal, qui souhaitait rendre sa casquette de Premier ministre pour enfiler celle de député fraîchement réélu après les résultats du second tour des législatives. Gabriel Attal et son gouvernement sont donc coincés à leur poste, en attendant que le président en décide autrement. Une situation peu confortable qui en agace plus d’un et qui pousse les ministres et conseillers démissionnaires à faire des suppositions sur la date de leur départ. "Je ne crois pas que le président nomme un gouvernement avant les JO parce qu’il lui faut déjà six mois pour choisir la couleur de sa cravate", tacle un membre du gouvernement à BFMTV.
En effet, la date de départ reste floue, mais certaines hypothèses paraissent plus crédibles que d’autres. Certains se disent que le gouvernement actuel va rester en place jusqu’à la fin de l’été, alors que la France s'apprête à recevoir le monde à l’occasion des Jeux Olympiques. D’autres tablent plutôt sur avant le 17 juillet, puisque les ministres députés n’ont que jusqu’à cette date pour s’enregistrer et participer aux votes pour les postes à l’Assemblée.
La question de la date de démission officielle du gouvernement a d’ailleurs été abordée par le président dans sa lettre aux Français : "C’est à la lumière de ces principes que je déciderai de la nomination du Premier ministre. Cela suppose de laisser un peu de temps aux forces politiques pour bâtir ces compromis avec sérénité et respect de chacun."
"Un peu de temps" qui semble bien long pour un ministre qui s’agace auprès de nos confrères : "On est nombreux à faire pression pour que le président nous libère, on n’est plus légitimes, on n’a plus de majorité. Il faut que ça s’arrête !"
Une source au sein de l'exécutif résume finalement la situation chaotique actuelle : "C'est le bordel, et Macron adore ça ! On est tous à sa merci, il ne va pas se priver pour nous rappeler que c'est le maître des horloges, et qu'il nous démet quand il veut. C'est d'ailleurs pour ça qu'au sein de la majorité, plus personne ne peut le blairer."
"Le bazar chez nous, ce n'est pas la première fois"
Certains préfèrent philosopher et se dire que ce n’est pas la première fois qu’Emmanuel Macron met en difficulté le gouvernement. "C’est le président qui a la main, c’est constitutionnel, ce n’est pas à nous de décider quand on part", explique un ministre à nos confrères.
Il faut dire qu’à la même période, en 2023, la France était rythmée par la mobilisation contre la réforme des retraites, les émeutes qui ont suivi la mort de Nahel et le scandale du Fonds Marianne. Un remaniement paraissait la seule solution et le gouvernement s’y attendait. Ils étaient pourtant tous sur la photo du 14 juillet et étaient à la tribune ministérielle pendant le défilé de la fête nationale alors que le nouveau gouvernement a été nommé six jours plus tard, le 20 juillet, par Élisabeth Borne.
publié le 11 juillet à 08h20, Philippine Rouviere Flamand, 6Medias