Politique

Budget 2025 : que faut-il retenir des annonces du gouvernement ?

© Jean Bernard Vernier/JBVNews/ABACA - Le ministre du Budget et des Comptes publics, Laurent Saint-Martin et le ministre de l'Economie et des Finances, Antoine Armand, lors de la présentation du texte à Bercy.

Le gouvernement français a présenté ce jeudi le projet de loi de finances pour 2025. La contribution fiscale des ménages les plus fortunés a été confirmée. Parmi les autres mesures, on compte notamment des postes supprimés dans l'Éducation, une taxe sur l'électricité ou encore le report de 6 mois de la revalorisation annuelle des pensions de retraite.

Face à l'ampleur de la dette publique, le gouvernement avait alerté : il faudra trouver 60 milliards d'euros, répartis entre 40 milliards de réduction des dépenses et 20 milliards de recettes supplémentaires. Plusieurs jours avant de dévoiler le détail des mesures envisagées, des pistes avaient déjà été dévoilées, comme la contribution fiscale des ménages les plus fortunés et de certaines grandes entreprises. Ce jeudi, ces mesures ont bel et bien été confirmées. D'autres ont été annoncées, et il apparaît que chaque Français devra y mettre du sien. Le Premier ministre avait prévenu : "Tout le monde prendra sa part".

Des milliers de suppressions de postes dans l'Éducation nationale

Michel Barnier avait parlé de "un an, peut-être deux". Les 65 000 foyers fiscaux aux revenus les plus élevés paieront finalement davantage d'impôts pendant trois ans. Le projet de loi, rapporte France Info, prévoit d'instaurer une contribution "sur les plus hauts revenus, afin de garantir que ces derniers soient imposés à un taux minimum de 20%". Seront concernés les foyers dont le revenu de référence dépasse 250 000 euros pour une personne seule et 500 000 euros pour un couple. Au final, cette mesure permettrait de dégager deux milliards d'euros supplémentaires en 2025. Pas de hausse d'impôt sur le revenu prévue pour les autres contribuables.

440 grandes entreprises devront également mettre la main au portefeuille : celles, en l'occurrence, dépassant un milliard d'euros de chiffre d'affaires en 2024. Un effort "nécessaire, mais temporaire" rappelle le ministre de l'Économie, Antoine Armand. Cette taxation devrait rapporter 8 milliards d'euros en 2025. Les "aides aux entreprises" seront réformées, notamment des "allègements généraux de cotisations pour inciter les employeurs à rehausser les salaires les plus bas". Les aides à l'apprentissage, dont le coût est évalué à 16 milliards d'euros par an, seront revues à la baisse. Le gouvernement envisage également la suppression des "emplois francs" et la réduction du soutien aux contrats aidés.

Le gouvernement demande par ailleurs un effort sur les dépenses des administrations publiques et pour réaliser 21,5 milliards d'euros d'économie, propose des suppressions de postes, répartis entre les ministères et les opérateurs de l’Etat. Le secteur le plus touché serait l'Éducation nationale avec environ 4 000 emplois supprimés. En revanche, le ministre du Budget promet "des hausses substantielles pour renforcer le régalien et la sécurité des Français, notamment à la Justice et aux Armées". Les effectifs de l'Intérieur "seront également préservés".

Après la frénésie des JO et des jeux paralympiques, le sport va se serrer la ceinture : "Le budget des sports baissera l'an prochain, car il n'y aura plus les dépenses connues cette année et les précédentes", justifie Laurent Saint-Martin, ministre du Budget.

Les collectivités territoriales vont elles aussi devoir participer à l'effort national, avec 5 milliards d'euros d'économie demandés par le gouvernement.

La taxe sur l'électricité relevée

Côté social, le gouvernement souhaite une économie de 14,8 milliards. Dans ce cadre, la hausse des dépenses de l'assurance-maladie l'année prochaine sera limitée à 2,8%. Dans le cadre du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), on note un changement dans le mode d'indemnisation des arrêts maladie, à partir du 4e jour. Ainsi, l'État va plafonner son remboursement d'1,8 à 1,4 Smic. Un écart qui devrait être comblé par les complémentaires santé. Une hausse du tarif de la consultation chez le médecin traitant est aussi à prévoir. "La revalorisation de la consultation des médecins traitants à 30 euros sera conforme à la convention médicale négociée entre l’assurance maladie et les professionnels de santé", indique Bercy.

Le gel de la revalorisation des pensions de retraite au 1er juillet - soit un report de six mois - a été confirmé. Objectif : 3,8 milliards d'euros d'économies. "Les autres prestations seront revalorisées sur le calendrier habituel", assure Laurent Saint-Martin. Le gouvernement mise également sur des économies de 400 millions d'euros sur l'assurance-chômage.

Parmi les mesures prises au volet énergétique, la taxe sur l'électricité relevée "autour de 50 euros du MWh" en février prochain (au lieu de 33 actuellement), dans un contexte d'inflation déjà compliqué pour beaucoup de ménages. Le gouvernement assure toutefois que malgré cette hausse, la facture baissera d'au moins 9% pour les foyers payant le tarif réglementé, soit environ 8 Français sur 10. La baisse sera d'une "centaine d'euros" en moyenne par an pour les ménages.

Autre piste explorée : une suppression de la niche fiscale "Airbnb". Pour le gouvernement, cet avantage fiscal "contribue aux tensions sur le marché locatif" en incitant les propriétaires à placer leur logement sur des plateformes au détriment des logements "nus".

La taxe sur les billets d'avion sera également relevée après concertation avec le secteur aérien. À l'instar d'autres mesures qui n'ont pas été portées au texte "faute de temps", cette hausse fera l'objet d'un amendement au Parlement.

Prochaine étape : l'examen du texte à l'Assemblée nationale, où il devrait se heurter aux réticences déjà exprimées par la gauche. Le député insoumis Manuel Bompard, notamment, a dénoncé "le plan d’austérité le plus violent que le pays ait jamais connu" et qui va "faire souffrir les Français".

publié le 10 octobre à 20h48, Sabrina Guintini, 6Médias

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