Politique

Bougie de l'Hanouka à l'Élysée : Emmanuel Macron fait polémique, la classe politique voit rouge

Jeudi 7 décembre, le grand rabbin de France Haïm Korsia a allumé une bougie à l'occasion de Hanouka, la fête juive, et ce, depuis l'Élysée, en présence du chef de l’État. De nombreux élus de tout l'échiquier politique ont exprimé leur colère : rupture de la laïcité, double discours du président... Celui-ci a fini par répondre.

La bougie de la colère. Le grand rabbin de France Haïm Korsia a allumé une bougie de Hanouka à l'Élysée jeudi 7 décembre, sous les yeux d'Emmanuel Macron. Ce moment a été filmé, diffusé et largement partagé sur les réseaux sociaux. De quoi provoquer la colère des opposants à Emmanuel Macron, à droite comme à gauche.

Le président de la République accueillait la cérémonie du prix annuel de la Conférence européenne des rabbins (CER) qui récompense la lutte contre l'antisémitisme et la sauvegarde des libertés religieuses. Prix décerné cette année à... Emmanuel Macron. Ce dernier a profité de la cérémonie pour promettre de fixer la date d'un hommage aux victimes de l'attaque du Hamas "dans les prochaines semaines à venir". "Macron président, c’est un gamin de 10 ans avec une panoplie du petit chimiste, mais de la vraie nitroglycérine et des vraies allumettes", a taclé sur X la sénatrice socialiste Laurence Rossignol. "L’Élysée n’est pas un lieu de culte. À deux jours de l’anniversaire de la loi de 1905, c’est un mauvais signal envoyé par l’État à la République. On ne transige pas avec la laïcité. Ce commun est précieux mais fragile", a craint Carole Delga, présidente de la région Occitanie, sur X.

Jérôme Guedj, député PS, essaie d'être plus mesuré. S'il reconnaît sur X que "le soutien aux français juifs" est "parfaitement légitime", il met tout de même "les pieds dans le plats". "Aussi sympathique que ce soit, Hanoucah, c’est une fête religieuse. A laquelle aucun élu de la République ne devrait participer, comme toute manifestation religieuse", regrette-t-il. Côté LFI, même colère : "Le Président d'une Republique laique n'a pas à faire cela. C'est pourquoi ses prédécesseurs ne l'ont pas fait. #Macron va-t-il faire de même pour tous les autres cultes ? (...) Pas de laïcité à géométrie variable !", tweet Alexis Corbière.

Le coordinateur de la France Insoumise, Manuel Bombard, qualifie le choix d'Emmanuel Macron de "faute politique impardonnable", alors que sur Sud Radio, vendredi 8 décembre, Yonathan Arfi, président du CRIF, a lui aussi estimé qu'allumer une bougie de Hanouka à l'Élysée était "une erreur qui n'aurait pas dû se produire".

L'absence à la marche contre l'antisémitisme qui ne passe pas

D'autres en veulent encore à Emmanuel Macron de ne pas s'être rendu à la marche contre l'antisémitisme le 12 novembre dernier. A l'image de David Lisnard (LR), maire de Cannes : "Comment peut-on refuser de participer à une marche civique contre l’antisémitisme au motif incongru et fallacieux de la sauvegarde de l’unité nationale, et célébrer une fête religieuse au sein du palais présidentiel ?", tance-t-il sur X. Sur BFMTV, le député RN Laurent Jacobelli, lui, estime qu'Emmanuel Macron cherche à "contrecarrer cette image qu'il a pu donner à nos compatriotes juifs".

Julien Aubert, lui aussi des LR, a également exprimé son désaccord : "Le rôle d’un président dans un pays laïc est de défendre les citoyens israélites contre les attaques, pas de célébrer leur religion à l’Elysée. On peut être juif et athée, au demeurant. Imagine-t-on une messe de Noël ou l’aïd à l’Élysée ? Ce n’est pas sérieux".

L'Élysée se défend

En déplacement à Mayotte, Elisabeth Borne a déclaré vendredi qu'il s'agissait d'un "signal" envoyé à la communauté juive. "On est dans une période avec une montée de l'antisémitisme qu'on ne peut pas laisser passer. Il y a différents moyens d'envoyer des messages (de soutien) à la communauté juive", a-t-elle déclaré, citée par la chaîne.

Vendredi en fin de matinée, Emmanuel Macron a lui-même répondu à la polémique, ne regrettant rien."Je recevais les rabbins qui me remettaient un prix, reconnaissant la lutte de la France contre, l'antisémitisme. (...) Je crois que là-dessus, il faut savoir raison garder, tout cela a été fait dans l'esprit de la République. La laïcité ce n'est pas l'effacement des religions", a expliqué le Président sur le chantier de la cathédrale Notre-Dame.

Et d'enchaîner : "La laïcité, c'est de le fait que chacun a le droit et la liberté de croire et de ne pas croire. Si le président de la République s'était prêté à un geste cultuel ou à une cérémonie, il ne serait pas respectueux de la laïcité. Mais ça ne s'est pas passé. Le président de la République que je suis est respectueux de la laïcité". Et de conclure "Dans ces moments, il faut aussi un peu de bienveillance les uns avec les autres (...) Il faut savoir dépasser les petites polémiques du quotidien et se tenir ensemble."

publié le 8 décembre à 12h29, Martin Pereira, 6Medias

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