Avec la fin des JO de Paris 2024, la reprise de l'agenda politique pour Emmanuel Macron
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Emmanuel Macron avait demandé une "trêve politique"pendant les Jeux olympiques. L’évènement arrive à son terme, alors le temps est peut-être venu d’appeler un Premier ministre à former son gouvernement.
Cela fait plus d’un mois que la France est dans un entre-deux politique étrange et inédit. Le camp présidentiel a perdu aux élections européennes face à la victoire écrasante du RN, mené par Jordan Bardella. Emmanuel Macron a donc appelé les Français aux urnes pour les législatives anticipées qu’il a également perdues, mais cette fois-ci au profit du Nouveau Front populaire (NFP). Face à cette double défaite, Gabriel Attal a présenté sa démission le 8 juillet, le lendemain du scrutin, mais elle n’a pas été acceptée par le président. Depuis, c’est un gouvernement démissionnaire qui gère les affaires courantes. Mais dans ces affaires courantes, il y a les Jeux olympiques. Difficile de changer de gouvernement alors que la France reçoit le monde entier pour cet événement sportif, alors Emmanuel Macron a demandé une "trêve politique" jusqu’à la fin des Jeux. Pendant ce temps, les différents partis qui composent le NFP se sont mis d’accord sur une candidate pour Matignon, Lucie Castets, mais Emmanuel Macron semble plutôt s’intéresser à Bernard Cazeneuve ou Xavier Bertrand. Mais là encore, rien n’est décidé.
Pourtant, la fin des Jeux olympiques est arrivée, l’échéance du 15 août approche et c’est bientôt la rentrée parlementaire. Il est donc temps d’appeler un Premier ministre à constituer son gouvernement. Un avis partagé par les oppositions et les Français.
De quel bord sera Matignon ?
Il paraît difficile pour le président d’appeler un Premier ministre issu de son camp sans qu’une motion de censure ne soit votée. Alors, il devra choisir entre ses oppositions de droite et celles de gauche. Selon un proche d’Emmanuel Macron au JDD, il devrait tout de même "respecter la chorégraphie des consultations - présidents de groupes, de partis politiques, des deux chambres -, pour démontrer que le choix ne sort pas de son chapeau". Et alors que les noms de Xavier Bertrand (Les Républicains) et de Bernard Cazeneuve (Parti Socialiste) résonnaient dans les couloirs de l’Élysée, le premier a fait savoir à ses proches qu’il n’y croyait plus. Le second serait plus proche du président, après un dîner en tête-à-tête en mars dernier et des échanges téléphoniques, mais rien n’est fait.
Pourtant, les Français attendent avec impatience que leur voix soit entendue. Parce que bien qu’aucune majorité absolue ne se soit détachée aux législatives anticipées, le message est clair : les Français veulent du changement et pour l’instant rien n’a changé. Nos confrères du Parisien se sont rendus aux Buttes-Chaumont, à Paris, et ont recueilli les témoignages de Français agacés. Raouane et Clara reprochent son silence à Emmanuel Macron : "Il se cache derrière les athlètes pour ne pas prendre position sur des sujets qui fâchent". Il faut dire que le président s’est montré particulièrement proche des athlètes français et n’a pas hésité à afficher cette proximité sur les réseaux sociaux, sans parler de la crise politique sans précédent que vit la France. Les deux électrices du NFP citent les étudiants virés du Crous, les sans-abris envoyés hors de Paris et l’explosion du ticket de métro parisien pour illustrer leur colère face à Emmanuel Macron. Elles espèrent qu’il nommera un Premier ministre "capable de lui tenir tête".
Il n’y a pas que les électeurs de gauche qui sont mécontents. À la Ferté-sous-Jouarre (Seine-et-Marne), qui est un bastion électoral du Rassemblement national, les habitants râlent aussi. Murielle, dont la retraite est à 880 euros, explique : "Macron n’est pas à notre niveau, il faut qu’il descende dans la rue nous parler plutôt que de se montrer à la télé pendant les JO", dénonçant aussi son "hypocrisie" : "Il est présent pour le sport, et pour nous ? Rien ne changera."
publié le 11 août à 20h22, Philippine Rouviere Flamand, 6Medias