"Attentisme", "irresponsabilité budgétaire" : Attal, Borne et Macron chargés par le Sénat sur le dérapage budgétaire
© Lafargue Raphael/ABACA - Élisabeth Borne entendue par le Sénat, le 15 novembre 2024.
La mission d'information du Sénat pour tenter d'expliquer l'ampleur du dérapage des finances publiques françaises épingle la macronie. Après avoir entendu l'ex-locataire de Bercy, Bruno Le Maire, ou encore l'ancienne ministre Élisabeth Borne, les sénateurs concluent à une "irresponsabilité budgétaire assumée". Les anciens ministres n'ont pas tardé à réagir.
Qui est responsable du creusement du déficit public de la France, qui pourrait atteindre les 6,1% du PIB en fin d'année ? C'est la question à laquelle a tenté de répondre la mission d'information du Sénat, qui, dans ses conclusions après plusieurs auditions, étrille les précédents gouvernements. L'ex-ministre de l'Économie et des Finances, Bruno Le Maire, les anciens Premiers ministres, Gabriel Attal et Élisabeth Borne, ou encore l'ex-ministre chargé des Comptes publics, Thomas Cazenave, ont été entendus. Mais aucun ne semble être parvenu à fournir des arguments convaincants pour expliquer la déroute budgétaire : "Au sentiment général du déni collectif sur la situation des finances publiques, s’ajoute désormais un sentiment d’irresponsabilité de ceux qui étaient alors au gouvernement", a déclaré le rapporteur de la mission, Jean-François Husson (Les Républicains), en conférence de presse, mardi 19 novembre.
Et la mission n'épargne personne : des locataires de Bercy à Matignon, jusqu'à l'Élysée, tout l'exécutif macroniste est jugé responsable de la situation. "Le gouvernement connaissait en réalité l’état critique de nos finances publiques dès le mois de décembre 2023. Il aurait dû, selon nous, réagir vigoureusement. Mais il ne l’a pas fait", a ajouté Claude Raynal, président socialiste de la Commission des Finances. "Une irresponsabilité budgétaire assumée" et un "attentisme dommageable" seraient derrière l'accident financier que connaît le pays, et qui aurait pu être évité sans "calculs à courte vue", comme la "trop longue attente dans la désignation du nouveau Premier ministre", charge encore la conclusion.
Un dérapage "surprenant à l'heure de l'intelligence artificielle", pour Borne
L'une des dernières à témoigner avait été Élisabeth Borne. L'ancienne cheffe du gouvernement avait défendu son bilan, vendredi 15 novembre, jugeant le dérapage du déficit par rapport aux prévisions "surprenant à l'heure de l'intelligence artificielle". "J’ai pleinement porté la volonté de maîtrise de nos dépenses publiques", avait assuré la députée du Calvados, défendant ses décisions de l'époque, notamment le choix de ne pas communiquer l'alerte qu'elle avait reçue sur la baisse des rentrées fiscales fin 2023. Élisabeth Borne a, malgré ces éléments, estimé qu'il ne fallait pas "se tromper de débat" et privilégier les "réformes structurelles" pour maîtriser nos dépenses publiques, rapporte Public Sénat.
Les intéressés ont immédiatement réagi, mardi soir, aux conclusions de cette mission, Bruno Le Maire dénonçant auprès de journalistes un "réquisitoire d'opposants politiques", et Élisabeth Borne fustigeant "une attaque indigne qui repose sur des allégations qui sont irréalistes ou mensongères". Des réactions relayées par Le Monde.
C'est désormais au tour de l'Assemblée nationale de s'emparer du sujet, avec une commission d'enquête sur la même question menée dans les prochaines semaines par la Chambre basse du Parlement.
publié le 19 novembre à 17h33, Joanna Wadel, 6Medias