Assistants fictifs du RN au Parlement européen : Nicolas Bay a-t-il fourni des documents truqués à la justice ?
© Coust Laurent/ABACA
Selon Franceinfo et Complément d'enquête, l'eurodéputé ex-RN Nicolas Bay aurait fourni un dossier truffé d'incohérences pour défendre le statut d'assistant parlementaire de Timothée Houssin, son ex-collaborateur au Parlement européen, entre juillet 2014 et mars 2015.
Des remous incessants quelques jours avant l'ouverture du procès. L'affaire des assistants parlementaires du Front national (FN) – devenu depuis le Rassemblement national (RN) – est examinée par la justice à partir du 30 septembre. Sur les 27 personnes mises en cause dans ce dossier, on retrouve l'eurodéputé Nicolas Bay, ex-RN et ex-Reconquête aujourd'hui sans étiquette, et son ancien collaborateur, Timothée Houssin, qui aurait été son assistant parlementaire à Bruxelles entre juillet 2014 et mars 2015. Il ferait cependant partie du lot d'assistants fictifs à l'origine du procès qui s'ouvre à la fin du mois.
Nicolas Bay et Timothée Houssin nient les accusations qui pèsent contre eux. Nicolas Bay a même fourni des "preuves" pour prouver l'activité de son ancien collaborateur sur la période pendant laquelle ils sont supposés avoir travaillé ensemble. Le hic ? Ces documents contiennent plusieurs incohérences et laissent entendre qu'ils pourraient être faux ou a minima truqués. Selon les révélations de Franceinfo et Complément d'enquête, lundi 16 septembre, l'eurodéputé aurait en effet fourni des revues de presse antidatées pour justifier du travail de son ancien assistant parlementaire.
Deux discours différents
Les revues de presse en question, présentées au juge comme preuves car elles auraient été rédigées par Timothée Houssin, que Franceinfo et Complément d'enquête ont pu consulter, contiennent 67 articles qui sont bien datés de l'été 2014 au printemps 2015, mais certains sont produits sous forme de captures d'écran remontant à… 2018. Un article du Monde du 24 octobre 2014 figure notamment dans ce dossier, mais la capture d'écran montre des sujets sur des événements qui ont eu lieu après, comme le One Planet Summit (la première édition a eu lieu en décembre 2017). Une capture d'un article de Libération montre également un pictogramme qui ne faisait pas partie de la charte typographique du journal à l'époque de l'emploi supposé de Timothée Houssin par Nicolas Bay.
Il y a une autre ombre au tableau dans la défense des deux hommes politiques. À Complément d'enquête, ils ont assuré dans un premier temps ne rien savoir de ces revues de presse. Mais plus tard, à Franceinfo, Timothée Houssin a assuré : "Ces revues de presse ne correspondent pas, sur la forme, à mon travail." De son côté, Nicolas Bay a certifié qu'il n'y avait "aucune fausse preuve de travail" et que son équipe avait compilé ces articles en 2018 à des fins d'archivage, mais "quelques-uns étaient manquants et ont donc été retrouvés sur le web et réimprimés". Et d’ajouter : "Je n’ai jamais prétendu auprès de la justice ni auprès de quiconque que ces documents, dans leur forme fournie à la juge, dataient de 2014."
publié le 16 septembre à 17h21, Maeliss Innocenti, 6Medias