Après la lettre aux Français d'Emmanuel Macron, la classe politique se déchaîne
© Abd Rabbo Ammar/ABACA - Marine Tondelier
Plusieurs personnalités politiques, majoritairement issues du Nouveau Front populaire, ont vivement critiqué la missive du chef de l'État qui veut se laisser du temps avant de nommer un nouveau Premier ministre, lorsque les forces républicaines auront "bâti" des "compromis".
La lettre d'Emmanuel Macron adressée aux Français, mercredi 10 juillet, ne manque pas de susciter de nombreuses réactions dans les rangs de la classe politique française. Dans cette missive, le chef de l'État explique qu'il nommera un Premier ministre, lorsque les forces républicaines auront "bâti" des "compromis" tout en respectant "quelques grands principes pour le pays". Estimant que “personne” n’a “remporté” les élections, Emmanuel Macron affirme que "d'ici là", le "gouvernement actuel continuera d’exercer ses responsabilités puis sera en charge des affaires courantes comme le veut la tradition républicaine".
"Unique dans le monde démocratique : le président refuse de reconnaître le résultat des urnes qui a placé le Nouveau Front Populaire en tête des votes et des sièges à l'Assemblée. C'est le retour du droit de veto royal sur le suffrage universel", a réagi le leader insoumis Jean-Luc Mélenchon sur X.
Plusieurs membres éminents de la France insoumise ont fustigé les propos du président de la République. Clémence Guetté juge qu'Emmanuel Macron n'est "pas à la hauteur de l'Histoire" et se retrouve désormais "plus seul que jamais". Sur franceinfo, Éric Coquerel a estimé qu'Emmanuel Macron doit “respecter le suffrage universel” et “doit rendre service à ce pays en arrêtant de biaiser pour essayer de garder le pouvoir aux siens”. “Qu'il nous laisse travailler, pour changer la vie des gens, un peu, en mieux”, a réagi le transfuge LFI, François Ruffin, sur X.
Une lettre "irresponsable" et "indigne"
Le Premier secrétaire du Parti socialiste (PS), Olivier Faure, a appelé Emmanuel Macron à "respecter son devoir de républicain", au 20 heures de France 2. Selon lui, le Nouveau Front populaire ayant remporté le plus grand nombre de sièges aux législatives, le futur Premier ministre doit être de gauche et "le plus tôt possible". "Est-ce qu'il est inimaginable que le gouvernement qui a été battu soit encore présent le 14 juillet, pour les Jeux olympiques, pour les Jeux paralympiques et puis pourquoi pas passer l'automne et fêter Noël ensemble?", s'est-il demandé avant de déplorer: "Il y a quelque chose de totalement irréaliste, presque lunaire."
“Ça fait 7 ans qu’on nous sert le ‘en même temps’ à toutes les sauces. Mais on ne peut pas perdre et gagner en même temps. Il faut accepter le verdict des urnes du 1er et du 2nd tour de l’élection”, écrit la secrétaire nationale des Écologistes Marine Tondelier sur X “La logique institutionnelle lui dicte d’appeler les chefs de parti du Nouveau Front populaire pour nous demander de lui proposer le nom d’un Premier ministre et un gouvernement”, a-t-elle ajouté.
"Emmanuel Macron organise la paralysie du pays en positionnant l’extrême gauche aux portes du pouvoir, après d'indignes arrangements", écrit de son côté le président du Rassemblement national, Jordan Bardella. "Et son message est désormais: débrouillez-vous. Irresponsable!", s'indigne-t-il sur X. "Si je comprends bien, dans sa lettre, Emmanuel Macron propose de faire barrage à LFI qu’il a contribué à faire élire il y a trois jours et grâce à qui les députés Renaissance ont été élus, il y a également trois jours… Ce cirque devient indigne", a déploré Marine Le Pen, également sur X.
publié le 10 juillet à 19h38, Quentin Marchal, 6Medias