"Amnésie masochiste", "irrationnel", "coups tordus" : Jean-Michel Blanquer étrille Emmanuel Macron dans son livre "La Citadelle"
© Harsin Isa/Pool/ABACA - Emmanuel Macron et Jean-Michel Blanquer en 2021.
Dans La Citadelle qu'il publie chez Albin Michel, Jean-Michel Blanquer revient sur ses cinq années en tant que ministre de l'Éducation nationale au sein de la macronie, sur laquelle il porte un regard sans concession. L'actuel enseignant a commenté quelques citations de son livre auprès du Point.
Un ouvrage qui arrive comme un pavé dans la mare pour la macronie. En pleine tempête politique après l'échec des premières consultations pour Matignon, l'ex-ministre de l'Éducation Jean-Michel Blanquer revient sur le devant de la scène avec un livre qui risque de faire grincer des dents à l'Élysée. Devenu professeur agrégé de droit public à l'Université Paris-2, l'ex-locataire de la rue de Grenelle publie La Citadelle chez Albin Michel, un récit de 400 pages sur ses années au service de l'État qui n'épargne personne, surtout pas Emmanuel Macron. Ce jeudi 29 août, Le Point l'interroge à la lumière de quelques extraits.
Emmanuel Macron "se crée à lui-même des problèmes qui seraient évitables"
Celui qui défend encore la macronie des débuts se dit avec le recul "victime d’une amnésie masochiste du président", qui selon lui a "un comportement irrationnel consistant à ne pas valoriser son propre bilan en matière d'éducation, alors que les motifs de fierté ne manquaient pas". Un chef d'État par qui il dit s'être senti trahi : "La loyauté, ce n'est pas seulement celle d'une personne envers son chef, c'est aussi l'inverse", pointe-t-il.
Aussi, il dresse aujourd'hui un portrait sans concession d'Emmanuel Macron, "un ange déchu de la politique" écrit-il, cité par Marianne, qui "a un bon et un mauvais 'en même temps'" et "ne déteste pas non plus les coups tordus, aime écouter les conseillers du soir plutôt que les ministres du jour et se crée à lui-même des problèmes qui seraient évitables". "Il peut accomplir une prouesse et aussitôt la gâcher par une phrase ou une posture", ajoute-t-il.
Une dissolution "incongrue"
Jean-Michel Blanquer porte un regard tout aussi tranché sur la dissolution : "L'usage incongru de la dissolution a plongé le pays dans une situation inédite", dit-il. "Les circonstances, mais aussi parfois la volonté du président, ont amené à l'abaissement des forces de gouvernement de droite comme de gauche au bénéfice des extrêmes", analyse-t-il encore, appelant lui aussi à "faire émerger des logiques d'équipe et des majorités d'idées". Une première prise d'indépendance qui pourrait être la première d'une longue série, une fois que d'autres poids lourds auront quitté le carcan de l'hémicycle.
publié le 29 août à 16h47, Joanna Wadel, 6Medias