Politique

Aide médicale d'État : Michel Barnier veut baisser "sensiblement" les soins pris en charge pour les sans-papiers

© Photo Abaca - Michel Barnier le 28 novembre 2024

Dans un entretien accordé au Figaro paru jeudi 28 novembre, le Premier ministre a expliqué qu’il n’allait pas supprimer l’AME mais diminuer le "panier de soins" et engager une réforme "dès l’an prochain". L’objectif : "éviter les abus et les détournements".

Dans un entretien accordé au Figaro paru jeudi 28 novembre, le Premier ministre s’est notamment exprimé à propos de l’aide médicale d’État. S’il n’entend pas la supprimer, Michel Barnier a expliqué que le "panier de soins" allait être "sensiblement diminué" pour les étrangers sans papiers. Il a aussi promis une réforme "dès l’an prochain". L’objectif : "éviter les abus et les détournements".

Depuis plusieurs semaine, la controversée AME, cette couverture santé réservée aux personnes sans titre de séjour en France créée en 1999, est dans le viseur du gouvernement. Le 15 octobre dernier, alors qu’une hausse de 8 % du budget de l’aide médicale d'État était initialement prévue pour 2025 par le gouvernement, le ministre du Budget Laurent Saint-Martin avait finalement annoncé sur BFMTV un gel des crédits de ce dispositif, estimant que, "comme toutes les dépenses", il fallait "savoir mieux maîtriser" celles de l’AME. Dans son entretien au Figaro, Michel Barnier a rappelé que le coût de l'AME s'élève à 1,2 milliard d'euros, et qu'elle faisait "d'ores et déjà l'objet d'une stabilisation".

L'annonce de la baisse du panier des soins pris en charge survient dans un contexte de tensions sur le budget 2025, la gauche et le RN menaçant de censurer Michel Barnier et son gouvernement. Si la gauche souhaite maintenir le dispositif de l'AME, le RN a, depuis longue date, demandé sa révision. Dans un communiqué de presse publié jeudi 28 novembre, le parti de Jordan Bardella réclame que le gouvernement "baisse drastiquement" le budget de cette aide.

Le "racisme le plus crasse"

Les propos du Premier ministre n’ont pas manqué de faire réagir la gauche. "Dans six jours, le gouvernement sera tombé", a assuré Jean-Luc Mélenchon au micro de BFMTV. Michel Barnier aura "la censure qu’il mérite", pour l'Insoumise Mathilde Panot qui s’est exprimée sur X (anciennement Twitter). Selon elle, le Premier ministre "cède au racisme le plus crasse".

"Vous avez le déshonneur et vous aurez la censure", a également assuré sur X Manuel Bompard (LFI). Le Premier secrétaire du Parti socialiste s’est lui aussi indigné. Pour Olivier Faure, Michel Barnier "tourne définitivement le dos au front républicain" avec ces annonces sur l'AME. Sur le réseau social, la cheffe de file des députés écologistes, Cyrielle Chatelain, a également fustigé les annonces du Premier ministre. "Comme on fait son lit, on se couche. Le RN est la béquille du gouvernement Barnier", a-t-elle cinglé. Et de déplorer : "Le Premier ministre en est donc réduit à faire de l'AME une monnaie d'échange pour rester au pouvoir."

"Je ne céderai à aucun catastrophisme"

S'il avait mis en garde sur TF1 contre un risque de "turbulences graves" en cas de censure de son budget, Michel Barnier a pour autant expliqué au Figaro qu’il ne cédera “à aucun catastrophisme”. “Je continue simplement à dire la vérité aux Français”, a-t-il assuré. "L’absence de vote du budget et le renversement du gouvernement provoqueraient inévitablement une hausse des taux d’intérêt pour l’État et donc pour les entreprises et les Français", selon le locataire de Matignon alors que "certains peuvent être tentés de banaliser les risques pour s’exonérer de leur responsabilité".

publié le 28 novembre à 19h55, Lola Dhers, 6Medias

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