Syrie: plus de la moitié des enfants sont déscolarisés (Save the Children à l'AFP)
Après près de 14 ans d'une guerre qui a ravagé leur pays, plus de la moitié des enfants syriens en âge d'aller à l'école sont déscolarisés, alerte l'ONG Save the Children, appelant à une "action immédiate pour les réintégrer".
"3,7 millions d'enfants sont déscolarisés cette année, soit plus de la moitié des enfants en âge d'aller à l'école", a déclaré dans un entretien à l'AFP Rasha Muhrez, directrice pour la Syrie chez Save the Children.
Certaines écoles ont été détruites ou endommagées par les années de guerre qui ont fait des millions de déplacés.
D'autres sont aujourd'hui utilisées "comme abris en raison de la nouvelle vague de déplacés", explique-t-elle dans cet entretien à Damas, appelant les nouvelles autorités à "une action immédiate pour réintégrer" les enfants.
Plus de 700.000 personnes ont été déplacées par l'offensive de la coalition rebelle dominée par des islamistes à la faveur de laquelle elle a renversé Bachar al-Assad le 8 décembre, selon l'ONU.
La majorité des enfants syriens, soit "environ 7,5 millions, ont besoin d'aide humanitaire immédiate", a insisté Mme Muhrez.
Cette situation résulte de "près de 14 ans de conflit, de catastrophes naturelles, d'effondrement économique, au cours desquels les enfants ont été privés de leurs droits fondamentaux, y compris l'accès à l'éducation", a-t-elle ajouté.
- "Impact traumatique" -
Aujourd'hui, dans un pays toujours frappé de sanctions occidentales, plus d'un Syrien sur quatre vit dans une pauvreté extrême selon la Banque Mondiale, qui notait que le séisme meurtrier de 2023 pourrait avoir encore aggravé la situation.
La guerre a également eu un "impact énorme, un impact traumatique" sur les enfants, a précisé Mme Muhrez, soulignant que "de nombreux enfants sont nés dans ce conflit, certains sont devenus adolescents ou jeunes adultes pendant ces années de guerre".
Son ONG estime que quelque 6,4 millions d'entre eux auraient besoin d'un soutien psychologique.
Mme Muhrez a en outre souligné l'impact des sanctions internationales - imposées à la Syrie de Bachar al-Assad après le début de la guerre - sur la réponse humanitaire, estimant qu'elles affectaient "le peuple syrien lui-même".
Dimanche, le nouveau dirigeant syrien, Ahmad al-Chareh, a appelé l'administration du futur président américain Donald Trump à lever les sanctions imposées par Washington à son pays.
"Il est très difficile pour nous de continuer à répondre aux besoins" des Syriens avec ces sanctions, a affirmé Mme Muhrez.
La guerre civile, déclenchée en 2011 après la répression sanglante de manifestations prodémocratie par le pouvoir d'Assad, a fait plus de 500.000 morts et déplacé des millions de personnes.
publié le 30 décembre à 18h37, AFP