Raids israéliens meurtriers à Beyrouth, un responsable du Hezbollah serait visé
L'armée israélienne a mené des frappes samedi au coeur de Beyrouth détruisant un immeuble résidentiel et faisant 11 morts selon les autorités, la guerre entre Israël et le Hezbollah libanais ne connaissant aucun répit malgré les efforts en vue d'un cessez-le-feu.
Un "haut responsable du Hezbollah était visé" par le raid dans le quartier de Basta, a indiqué une source de sécurité libanaise sans préciser son identité ou son sort, alors qu'Israël a pratiquement décimé la direction du mouvement armé en tuant plusieurs de ses chefs ces derniers mois.
Israël dit vouloir mettre hors d'état de nuire le Hezbollah et le Hamas, des alliés de l'Iran, son ennemi. Il a juré de détruire le Hamas après l'attaque sans précédent de ce mouvement islamiste palestinien sur son sol le 7 octobre 2023, qui a déclenché la guerre à Gaza, et cherche à faire cesser les tirs de roquettes du Hezbollah sur son territoire.
Avant l'aube, les habitants de la capitale libanaise se sont réveillés au bruit de trois grosses explosions.
Les frappes, qui ont fait au moins 11 morts selon le ministère de la Santé, ont détruit un immeuble résidentiel dans le quartier densément peuplé de Basta.
L'armée israélienne n'a pas commenté dans l'immédiat ces raids.
- "Hurlant de terreur" -
"C'est la première fois que je me réveille en hurlant de terreur", déclare à l'AFP Salah, un père de deux enfants habitant Basta, qui s'est précipité hors de chez lui avec sa famille.
Des frappes ont également ciblé la banlieue sud de Beyrouth, un fief du Hezbollah situé près de l'aéroport international.
A Chiyah, l'un des quartiers visés, un immeuble a été transformé en un amas de pierre et de ferraille fumant. Autour, des façades éventrées et des fenêtres soufflées. Dans celui de Hadath, les pompiers ont lutté contre les flammes dans les bâtiments bombardés.
Dans un communiqué, l'armée a affirmé avoir ciblé dans la banlieue sud "des centres de commandement du Hezbollah et d'autres infrastructures terroristes".
- Cadence accélérée -
Le 8 octobre 2023, au lendemain de l'attaque du Hamas contre Israël, le Hezbollah a ouvert un "front de soutien" à son allié palestinien.
Après un an de violences transfrontalières et après avoir affaibli le Hamas à Gaza bombardée sans cesse, Israël a déplacé le coeur de la bataille au Liban voisin en lançant une intense campagne de bombardements le 23 septembre sur les fiefs du Hezbollah.
Le 30 septembre, les troupes israéliennes ont lancé une offensive terrestre dans le sud du Liban, un autre fief du Hezbollah frontalier du nord d'Israël.
Depuis le 8 octobre 2023, plus de 3.640 personnes ont été tuées au Liban, selon le ministère de la Santé, la plupart depuis le 23 septembre dernier.
Israël dit vouloir éloigner le Hezbollah des zones frontalières du sud du Liban pour permettre le retour des quelque 60.000 habitants du nord du pays déplacés par les tirs de roquettes.
Au Liban, des dizaines de milliers d'habitants ont également été déplacés.
La cadence des frappes s'est accélérée après la fin d'une nouvelle mission de l'émissaire américain Amos Hochstein, qui a fait la navette entre Israël et le Liban pour tenter de parvenir à un cessez-le-feu.
- "Qu'ils nous tuent tous!" -
Israël qui combat aussi le Hamas dans la bande de Gaza à sa frontière sud, y a mené des frappes aériennes et des bombardements à l'artillerie qui ont tué 19 Palestiniens à Gaza-ville (nord) et à Khan Younès (sud) et à Rafah (sud), selon la Défense civile.
"Notre vie n'est que misère. Qu'ils nous tuent tous pour nous soulager de cette souffrance", s'est exclamée Oum Mohammad Abou Sabla, la soeur d'une des victimes à Khan Younès.
Le Hamas a pris le pouvoir à Gaza en 2007, deux ans après le retrait unilatéral d'Israël de ce territoire qu'il a occupé pendant 38 ans. Avant d'assiéger Gaza le 9 octobre, Israël imposait depuis 2007 un blocus au territoire pauvre et surpeuplé.
Jeudi, la Cour pénale internationale (CPI) a émis des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant, accusés de crimes contre l'humanité et crimes de guerre à Gaza, ainsi que contre le chef de la branche armée du Hamas, Mohammed Deif.
Israël a annoncé avoir tué Mohammed Deif, considéré comme l'un de ses cerveaux du 7-Octobre, mais le Hamas n'a pas confirmé son décès.
En riposte à l'attaque du Hamas le 7 octobre 2023, Israël a lancé une offensive militaire dévastatrice à Gaza qui a fait au moins 44.056 morts, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du Hamas.
Elle a aussi provoqué un désastre humanitaire dans ce territoire menacé de famine selon l'ONU.
L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité. Ce jour-là, 251 personnes ont été enlevées, dont 97 restent otages à Gaza, parmi lesquelles 34 déclarées mortes par l'armée.
publié le 23 novembre à 13h18, AFP