Après la mort du journaliste Arman Soldin en Ukraine, l’émouvant hommage de sa collègue
Le journaliste de 32 ans Arman Soldin est mort près de Bakhmout, dans le conflit en Ukraine, touché par un tir de roquette. Une collègue de l’AFP lui a rendu hommage.
Une barbe naissante, des lunettes rondes et des yeux rieurs. Le visage du journaliste Arman Soldin fait le tour des médias depuis son décès, mardi 9 mai, en Ukraine, touché par un tir de roquette. Mais l’une des descriptions les plus touchantes émane de sa collègue de l’AFP, Daphné Rousseau, qui l’a publiée sur Twitter, quelques heures après l’annonce de sa mort.
"T'sais" Arman, je n'ai juste pas les mots mon pote, mon binôme. Le meilleur, le plus pro, le plus calme, le plus souriant, le plus humain. Le plus vivant. Pour toujours”, écrit-elle. Dans cette série de tweet, la journaliste retrace le parcours de son collègue. En poste à Londres, Arman Soldin s’était rendu en Ukraine dès le début de la guerre et avait alors couvert la barbarie de Boutcha.
“Pendant un mois, nous formons cette équipe soudée, concentrée, prudente, enthousiaste, dans ces paysages du Donbass que tu finiras par connaître aux quatre saisons, connaître comme ton propre pays, toi qui en avais tant”, poursuit-elle, se remémorant cette période.
Forever young
Dans une vidéo publiée par Daphnée Rousseau, Arman Soldin chante à tue-tête la chanson d’Alphaville, “I wanna be forever young”. Ils sont alors en route pour leur premier départ sur le front, sur les routes du Donbass, en avril 2022. Le jeune homme était devenu le coordinateur vidéo en septembre 2022, le plus jeune de l’équipe. “Tu commençais toutes tes phrases en "azy", "tsais" et tu étais aussi bluffant de culture. Tu dévorais les livres dans toutes les langues. Ton préféré : "A l'ouest rien de nouveau". Une intelligence hors-norme sous la capuche toujours relevée”, se souvient-elle encore.
Arman Soldin faisait partie d’une équipe de cinq reporters de l’AFP qui accompagnaient des soldats ukrainiens sur le front le plus actif de la guerre, dans les environs de Tchassiv Iar, une localité ukrainienne proche de Bakhmout et visée quotidiennement par les forces russes. Il est le troisième journaliste français à être mort sur le front, après Pierre Zakrzewski en mars 2022 et Frédéric Leclerc-Imhoff, quelques mois plus tard.
publié le 10 mai à 17h43, Orange avec 6Medias
