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A Alep, l'espoir se lève sur la poussière de la guerre

  • Un horloger devant son magasin à Alep, dans le nord de la Syrie, le 11 décembre 2024.
    ©OZAN KOSE, AFP - Un horloger devant son magasin à Alep, dans le nord de la Syrie, le 11 décembre 2024.
  • Un horloger devant son magasin à Alep, dans le nord de la Syrie, le 11 décembre 2024.
    ©OZAN KOSE, AFP - Un commerçant met en vitrine un plateau de pâtisserie à Alep le 11 décembre 2024.
  • Un horloger devant son magasin à Alep, dans le nord de la Syrie, le 11 décembre 2024.
    ©OZAN KOSE, AFP - Un passant à proxmité d'échoppes ouvertes dans une rue d'Alep où flotte le drapeau de la rébellion, le 11 décembre 2024.
  • Un horloger devant son magasin à Alep, dans le nord de la Syrie, le 11 décembre 2024.
    ©OZAN KOSE, AFP - Une rue d'Alep, ville du nord de la Syrie, la première conquise par la rébellion, le 11 décembre 2024.

Ramadan Dali manie son plumeau avec entrain, de ses vitrines aux barrières du trottoir, s'arrêtant à l'occasion sur la pointe de ses souliers. Son échoppe reste l'une des rares ouvertes de la rue Youssef al-Azmeh, au coeur d'Alep.

Dans la deuxième ville de Syrie, l'espoir se lève.

Coupée en deux, martyrisée en 2016 par l'aviation russe et l'ancien régime, elle a été le 1er décembre la première grande ville conquise par les rebelles, menés par des islamistes radicaux, qui ont lancé leur offensive fulgurante le 27 novembre et sont désormais au pouvoir à Damas.

Ancienne capitale économique de Syrie de plus de deux millions d'habitants, autrefois vibrante et prisée des touristes et des archéologues, Alep semble rendue à la vie civile, sans présence militaire visible dans ses rues.

Elle porte encore les marques de violences, de nombreux immeubles restent entièrement vides de leurs occupants, rideaux poussiéreux battant au vent, façades crevassées.

Mais dix jours après la fin des combats, le trafic reprend, certains feux de circulation fonctionnent même, dans l'indifférence générale, et entre les échoppes de chawarmas et les vendeurs de café, chacun semble vouloir hâter le retour à la normale.

- Manque d'électricité -

A 70 ans, Ramadan Dali, en chapeau de feutre noir et veston bleu-gris, est prêt: "Bien sûr, ça ne se fera pas en un jour ou deux, mais d'ici deux ou trois mois, tous les autres rouvriront" parie-t-il mercredi dans sa boutique de montres chinoises, plongée dans la pénombre par le manque d'électricité de sa rue.

"On commence à se sentir en sécurité. Ici, il n'y avait que des moukhabarats (les omniprésents agents de renseignements syriens) avant les événements" de ces derniers jours qui ont renversé le destin de la Syrie, ajoute-t-il. "On ne pouvait rien dire".

Autour de la citadelle médiévale qui domine la vieille ville, l'un des bijoux d'Alep qui attirait les visiteurs du monde entier, à peine endommagée par les bombardements, les vendeurs de fleurs, de bonbons et de maïs chaud se pressent à la nuit tombée.

Des jeunes gens dansent au rythme des tambours et se prennent en photo avec le nouveau drapeau syrien à trois étoiles - contre deux dans la Syrie baassiste de la famille Assad, le père, Hafez puis le fils, Bachar.

Une fête insouciante des quelques combattants armés de fusils automatiques qui gardent l'accès au monument.

Café en main, Mustafa al-Khatib, serveur au Bab al Ahmar, un des nombreux restaurants au pied de la citadelle, désigne les immeubles écroulés qui lui font face, le palais de justice dévasté et les bains turcs en ruines. "Les Russes", crache-t-il.

- "Tout est si cher" -

"On se sent libre et en sécurité", continue ce père de 43 ans qui attend la réouverture des écoles pour ses cinq enfants. "Ils ont dit dans une semaine peut-être". Mais il s'inquiète surtout des prix très élevés des denrées, qui l'oblige à travailler "quinze heures par jour".

Un souci partagé par tous: Alep ne manque de rien mais les étiquettes flambent et la livre turque est accueillie avec plaisir par les commerçants obligés de compter d'épaisses liasses de livres syriennes pour le moindre sandwich.

A l'entrée d'un passage commerçant, un groupe de femmes qui reprend le travail "pour le premier jour" s'en soucie. D'autant que, employées du ministère des Affaires sociales, elles ne savent pas si ni quand elles seront payées.

"Il y a encore beaucoup d'incertitude", confie Juman Khilaly, qui s'inquiète surtout pour son fils de dix ans. "Où va-t-on? Et maintenant que va-t-il se passer? Quand va-t-on retourner à l'école? Il me pose beaucoup de questions", résume la quadragénaire qui, sous son foulard blanc soigneusement noué, exprime des "sentiments mêlés".

Espoir et inquiétude à la fois, précise-t-elle, face aux incertitudes qui planent encore. "Et tout est si cher", complète-t-elle.

"On a juste subi trois jours de bombardements aériens, effrayants. Mais on suivait les infos et on attendait ce moment depuis tellement longtemps", reprend Susan Kebbe War, 36 ans, qui tient à souligner que, "en tant que femme, elle espérait ce changement."

Les nouveaux dirigeants du pays ne l'effraient pas, au contraire: "On se sentait coupé du monde. Aujourd'hui notre pays retrouve sa liberté."

publié le 11 décembre à 17h23, AFP

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