ZFE : la réticence des agglomérations
© Huchot-Boissier Patricia/ABACA - Panneau indiquant une zone de faibles émissions à Toulouse
Dès le 1er janvier 2025, une trentaine d’agglomérations vont mettre en place des zones à faibles émissions (ZFE). Mais de nombreux paramètres poussent ces villes à assouplir les règles du dispositif.
Les ZFE montent en puissance. Pour démarrer l’année 2025, de nombreuses villes françaises vont appliquer des zones à faibles émissions (ZFE) comme prévu par la loi Résilience et Climat, selon 20 Minutes. Ce dispositif, visant à réduire la pollution des véhicules thermiques les plus anciens, concernera les agglomérations de plus de 150 000 habitants. À Bordeaux, Lille ou encore Rennes, les voitures "non classées" en vignette Crit'Air, soit les voitures immatriculées avant 1997 et les utilitaires légers immatriculés avant le 30 septembre 1997, ne pourront plus circuler.
Pour autant, cette règle commence déjà à être revue à la baisse par certaines villes. "Un certain nombre de villes a des réticences pour établir des ZFE trop restrictives, car elles savent que ce sont les populations les plus pauvres qui vont en payer le prix, puisque ce sont elles qui a priori possèdent les voitures les plus anciennes, donc les plus polluantes, et aussi celles qui n’ont pas les moyens de s’acheter une nouvelle voiture", confirme Guillaume Pouyanne, maître de conférences en économie urbaine à l’université de Bordeaux, directeur adjoint du programme de recherches Développement, Villes et Inégalités. À Bordeaux, par exemple, les véhicules "non classés" auront accès à un "pass ZFE" afin de pouvoir entrer dans la zone 24 jours dans l’année. À Rennes, ce pass sera rallongé jusqu’à 52 jours. Les "petits rouleurs" et les Lillois ayant une carte d’abonnement au réseau de transports auront l’autorisation de circuler.
Lobbys automobiles et gilets jaunes, freins à l’application totale
“C’est encore frais, et on n’est pas très loin de ça avec les ZFE…” exprime Guillaume. Certains élus sont encore marqués par cette période qui avait vu un mécontentement de la population. Les métropoles craignent une “injustice envers des conducteurs n’ayant pas les moyens financiers de changer de véhicule des citoyens de seconde zone", dénoncée par les lobbys automobiles.
D’autant plus qu’avec les créations de tramway, de métro et la piétonisation des centres-villes, "la peur de créer une ville duale", avec d’un côté un centre-ville "apaisé" doté de modes de déplacement dits "doux" et de l’autre une périphérie "pensée à partir de la voiture" avec ses centres commerciaux et ses zones pavillonnaires, se fait ressentir.
Paris, Lyon et Strasbourg qui sont les plus avancées dans le processus, avec la limitation de la circulation aux véhicules Crit'Air 3, soit les voitures diesel immatriculées avant 2011 et les voitures à essence immatriculées avant 2006, commencent à faire marche arrière. La préfecture de l’Alsace a décidé d’accorder un sursis de deux ans aux véhicules Crit'Air 3.
publié le 28 décembre à 11h00, Sébastien Salpietro, 6Medias