Orange avec Media Services, publié le lundi 06 février 2023 à 13h45
"Nos collégiens sont diabétiques, ils ont une pression artérielle et un taux de cholestérol plus élevés qu'en 1987", s'inquiète le cardiologue François Carré.
Une étude financée par le ministère des Sports et l'assurance Matmut, pointe la mauvaise santé physique des collégiens français, un véritable "risque sanitaire" porté notamment par la sédentarité croissante des adolescents, relaie Le Parisien lundi 6 février.
Diabète, cholestérol, obésité et capacités physiques en chute libre... Le constat de l'étude réalisée le collectif Pour une France en forme -un groupe de médecins formé pour alerter sur le manque d'activité physique des jeunes- est saisissant.
Mais le rapport explique aussi qu'il ne faudrait pas grande chose pour "inverser les courbes".
Le Parisien détaille le modus operandi des médecins. Ils ont évalué la capacité physique de collégiens de 6e à l'aide de la navette de Luc Léger, des courses successives sur une piste balisée de 20 mètres, avec un temps de parcours autorisé qui diminue à chaque cycle. "La capacité physique -l'effort maximal que vous pouvez maintenir pendant cinq minutes environ-, c'est le capital santé des individus, explique le professeur François Carré, le cardiologue qui réalisé les tests. Quel que soit son âge, ses antécédents médicaux, si elle est basse, on est en mauvaise santé !"
Avant même de commencer, les médecins ont été obligés d'adapter le test, et de réduire la cadence de départ à 6 km/h au lieu de 8 km/h, "car on présageait que le niveau de certains enfants ne pourrait pas répondre au premier palier", explique au Parisien le professeur. Ce sont environ 9.000 collégiens de 10 à 12 ans, originaires de trois régions (Bretagne, Auvergne-Rhône-Alpes et Hauts-de-France, où l'obésité est plus importante) qui ont été testés. Au final, les collégiens ont validé une vitesse maximale moyenne de 10,2 km/h. Soit une perte d'un km/h depuis 1987 pour les garçons, et de 0,6 km/h pour les filles. Des disparités régionales sont également apparues, avec, par exemple, une capacité physique encore inférieure dans les Hauts-de-France.
"Les chiffres sont très mauvais, car au minimum la capacité physique devrait rester stable. Aujourd'hui, un sujet de 65 ans qui est actif, sans être sportif, ferait mieux que les jeunes", souligne le professeur.
L'espoir vient de la deuxième partie de l'étude, qui démontre qu'il est possible d'enrayer la tendance. Les collégiens ont été séparés en deux groupes : l'un pour lequel rien ne change, et l'autre qui a bénéficié d'un entraînement fractionné individualisé de deux fois quinze minutes par semaine pendant 6 semaines. À l'issue de cette période, plus de 6.000 élèves ont refait le test de la navette : ceux qui n'ont pas été entraînés spécifiquement ont progressé de 2%, ceux qui ont reçu l'entraînement spécifique ont progressé de 5%.
"Globalement, quand on suit l'entraînement spécifique qui est proposé, on a une augmentation de 235 % de la capacité physique, souligne le Pr Carré, auprès du Parisien. Les données montrent que de manière simple et rapide, on peut inverser la tendance."
"Trois enfants sur 5 qui entrent en 6e ne savent pas enchaîner quatre sauts à cloche-pied, insiste François Carré. Une étude montre que les enfants en surpoids, entre 4 et 12 ans, vont tous avoir un accident cardiovasculaire avant 40 ans. Nos collégiens sont diabétiques, ils ont une pression artérielle et un taux de cholestérol plus élevés qu’en 1987. Ils sont en train de préparer leur infarctus, c’est une vraie bombe à retardement !
"Il faut redonner le goût et le plaisir de faire de l’activité aux enfants dès le plus jeune âge, estime-t-il. On a un retard énorme mais on peut changer les choses. Mais ce n'est plus acceptable d'attendre pour agir de manière volontaire et efficace."