France

Saint-Brevin : l’Etat a-t-il failli dans sa mission de protection des élus ?

© Capture d'écran - Google maps - La mairie de Saint-Brevin-les-Pins

Le maire de Saint-Brevin-les-Pins, (Loire Atlantique), Yannick Morez, a envoyé une demande de démission mercredi 10 mai, en raison de l’incendie criminel de sa maison. Malgré les alertes, l’Etat a tardé à agir, révèle le Canard enchaîné.

Une semaine a passé depuis que Yannick Morez a annoncé son intention de démissionner de son poste de maire de Saint-Brevin-les-Pins, (Loire Atlantique). Mercredi 17 mai, il est attendu à Matignon où Elisabeth Borne doit lui dérouler le tapis rouge. L’objectif ? Recoller les morceaux et se faire pardonner. Car dans cette affaire, l’Etat n’aurait pas pris les mesures nécessaires pour protéger l’édile, selon Le Canard enchaîné.

Le 22 mars, un violent feu détruisait deux véhicules et endommageait une partie du de la maison de Yannick Morez, sans faire de blessé. Une enquête criminelle du parquet est en cours. Cet incendie est très probablement aux tensions qui agitent depuis plusieurs mois la commune. De fortes oppositions ont émergé en raison du projet de déplacer le Centre d’accueil de demandeurs d’asile (Cada) - qui a ouvert dans la station balnéaire en 2016 après le démantèlement de la "jungle de Calais" (Pas-de-Calais) - près d’une école élémentaire.

Dès le 23 janvier, Yannick Morez aurait alerté le préfet sur des menaces proférées contre sa personne. Début février, trois associations des droits de l’homme avaient déposé plainte, au parquet de Saint Nazaire, contre des tracts injurieux, en provenance de groupes fascistes. Le préfet de Loire Atlantique n’aurait, alors, pris presque aucune mesure, fait savoir l’hebdomadaire du mercredi. Le préfet se serait contenté de sensibiliser la brigade locale de gendarmerie. Ce n’est qu’après l’incendie criminel du 22 mars que la préfecture a ordonné des “patrouilles régulières de nuit”, autour du domicile du maire. Et trois semaines plus tard, le sous-préfet de Saint Nazaire s’est enfin décidé à demander “à la gendarmerie du département de procéder à une évaluation des risques encourus”. Une évaluation qui se fait encore attendre.

Autre défaillance : l’unité de coordination de la lutte antiterroriste (Uclat) n’a jamais été saisie. Ce service de la police nationale protège les personnalités menacées. Après une première enquête, les agents chiffre le risque sur une échelle de 1 à 4. Dans le cas du maire de Saint Brevin, rien n’a été fait. En 2022, le ministère de l’Intérieur a recensé, 2 265 plaintes pour violences verbales ou physiques envers des élus. Soit une hausse de 32% par rapport à 2021.

Ce mercredi, le gouvernement va présenter le “Centre d'analyse et de lutte contre les violences faites aux élus”, a annoncé Dominique Faure, ministre en charge des Collectivités territoriales. “L'idée, est de cartographier les violences faites aux élus, d'en comprendre l'origine et de pouvoir agir dans le domaine de la prévention”, a-t-elle précisé. L'Etat veut montrer qu'il agit... mais il arrive après la bataille.

publié le 17 mai à 11h08, Orange avec 6Medias

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