France

Recherchée à tort par Interpol pendant dix ans, Nora peut à nouveau vivre normalement

Condamnée en Algérie à vingt ans de réclusion pour l’enlèvement de ses deux enfants, cette mère de famille a été recherchée durant dix ans par Interpol. La justice française l’avait pourtant innocentée. La menace d’une interpellation vient enfin d’être levée, rapporte Le Parisien.

“J’ai été victime d’une injustice. Mes droits ont été bafoués en raison d’une procédure abusive”. Durant dix ans, Nora a fait l’objet d’une "notice rouge" émise par Interpol, rapporte Le Parisien. Cette auxiliaire de vie, âgée de 51 ans, était sous le joug de ce signalement international après sa condamnation en Algérie à vingt ans de prison pour l’enlèvement de ses deux enfants. Durant une décennie, cette mère de famille à qui la justice française a donné raison a été empêchée de quitter la France et était sous la menace d’une extradition vers l’Algérie.

Une bataille juridique entre deux pays

Tout a commencé en janvier 2010. Nora et son mari Abdelhalim, parents de deux enfants, entament une procédure de divorce devant le tribunal de grande instance de Toulon, où ils résident à l’époque. En avril, le juge aux affaires familiales (Jaf) confie l’autorité parentale à la mère en attendant les résultats de la mesure d’enquête psychosociale. Le père obtient un droit de visite ainsi que la moitié des vacances scolaires. Lors de sa garde en juillet, l’homme se rend en Algérie avec ses deux enfants. Il décide alors de les scolariser sur place, en dépit de la décision du Jaf, et entame une nouvelle procédure de divorce en Algérie. Cette fois, il obtient la garde des enfants.

Un an plus tard, Nora se rend en Algérie et récupère son fils et sa fille. De retour à Toulon, le Jaf prononce le divorce aux torts exclusifs d’Abdelhalim et réaffirme sa compétence par rapport aux juridictions algériennes. Comme il résidait dans l’hexagone lorsque la procédure a démarré, la loi française s’applique. Mais l’homme ne s’arrête pas là. Il saisit alors la justice pénale en Algérie et porte plainte contre son ancienne épouse. Elle fait l’objet d’un mandat d’arrêt pour enlèvement et détournement de mineur, d’une demande d’extradition, puis est condamnée, en son absence, le 3 avril 2012 à vingt ans de réclusion criminelle par la Cour de Jilel.

Des irrégularités

La justice française refuse la demande d’extradition et précise “qu’en l’état, c’est bien la responsabilité pénale du père qui est engagée, et en aucun cas celle de sa mère.” Ce n’est que l’année suivante qu’elle apprend faire l’objet d’un mandat d’arrêt d’Interpol, demandé par l’Algérie. “L’avocate générale a été adorable. Elle m’a expliqué que je ne risquais rien en France mais qu’il valait mieux que j’évite de me rendre à l’étranger. J’étais très en colère mais je me suis résignée”, rapporte Nora.

En 2021, Nora découvre des irrégularités dans le mandat d'arrêt émit par Interpol et demande sa régularisation. Un an plus tard, la notice rouge à son encontre était enfin levée. La commission de contrôle des fichiers d’Interpol a en effet considéré que le signalement des autorités algériennes ne respectait pas les textes de l’Organisation internationale de police criminelle. “Je ressens à la fois un grand soulagement et un sentiment de liberté”, indique-t-elle.

publié le 26 février à 10h00, Orange avec 6Medias

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