Pyrénées-Orientales : les agriculteurs confrontés à une sécheresse historique, ils se disent "maudits des dieux"
© Aventurier Patrick/ABACA - Photo d'illustration. Alors qu’il tombe environ 560 mm d’eau chaque année dans ce département situé à la frontière espagnole, seulement 245 mm de précipitations ont été enregistrés.
Les nappes phréatiques sont quasiment à sec dans les Pyrénées-Orientales, ce qui amène les professionnels de la terre, qu'ils soient agriculteurs, viticulteurs ou arboriculteurs, à repenser leur métier, en intégrant les problématiques de manque d'eau liées au réchauffement climatique, rapporte franceinfo.
Dans les Pyrénées-Orientales, au fil des saisons, l’eau se fait de plus en plus rare. À Baixas, par exemple, le thermomètre affiche déjà quasiment 17°C, à la fin de la matinée, alors qu'on est au mois de février. Alors qu’il se rend sur ses vignes en voiture, René Calmon tente de distinguer un nuage dans le ciel azur. "On dirait qu’on est maudits des dieux", observe le viticulteur qui explique, désespéré, qu’ "il n’a pas plu depuis deux ans", ou presque. Car pour irriguer ses 25 hectares de vignes, quelques gouttes ne suffisent pas. Alors qu’il tombe environ 560 mm d’eau chaque année dans ce département situé à la frontière espagnole, seulement 245 mm de précipitations ont été enregistrés, rappelle franceinfo.
Des nappes phréatiques à un niveau "très bas"
Ainsi, d’après Météo-France, les sols sont aussi secs qu’à l’issue du mois d’août, et selon le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), les nappes phréatiques atteignent un niveau "très bas". "La situation est très inquiétante, résume Jean Bertrand, responsable eau à la chambre d'agriculture des Pyrénées-Orientales. Avant de détailler : "Dans le degré de souffrance, les vignerons sont les plus touchés car ils n'ont pas d'outils pour lutter contre la sécheresse. Les arboriculteurs et les maraîchers disposent de réseaux d'irrigation, mais pour tous, on attend la pluie."
En 2024, les agriculteurs sont mieux préparés à la sécheresse, mais s’inquiètent pour l’avenir. "Il y en a qui vont crever", avertit le maire du village de Sahorre Olivier Gravas, qui est aussi éleveur de brebis. Pendant deux week-ends, accompagné de ses collègues, il avait bloqué la route qui menait aux stations de ski des Pyrénées, en entonnant des chansons de revendication sur les airs de Gaby oh Gaby d'Alain Bashung afin d’interpeller le Premier ministre Gabriel Attal. Il demande notamment l’élaboration d’un grand "plan eau" pour son territoire afin de composer avec cette situation de sécheresse et trouver les meilleurs leviers pour que les activités viticoles, agricoles et arboricoles se poursuivent sur ces territoires menacés par le réchauffement climatique. Dans certaines productions agricoles, on mise sur de nouvelles cultures, comme celle du pistachier, moins gourmande en eau, afin de lutter contre la plausible "désertification" du département.
publié le 11 février à 10h00, Nathan Hallegot, 6Medias