France

Pyrénées-Atlantiques : un site industriel à l'origine de tremblements de terre à répétition

Une étude scientifique explique que les injections d'eaux usées sous terre semblent être à l'origine de l’importante sismicité aux abords de Lacq, dans les Hautes-Pyrénées, rapporte France 3 Régions.

La terre tremble 300 à 400 fois par an dans les Pyrénées. Mardi 21 mai, un séisme d'une magnitude de 4 à 4,7 s'est produit au sud de Tarbes (Hautes-Pyrénées). S’il a été ressenti par la population, il n’a cependant pas causé de dégâts majeurs ni fait de blessés, rassure France 3 Régions, qui rappelle que l’intense activité sismique sur la chaîne des Pyrénées est connue depuis longtemps. Celle-ci s’explique par la convergence des plaques tectoniques ibériques et eurasiatiques. Mais une étude insiste sur le fait que dans les environs de Lacq (Pyrénées-Atlantiques), les secousses n’ont rien de naturel. La zone est, en effet, connue pour son site d'exploitation de réservoir de gaz. Une étude scientifique franco-allemande, réalisée en partenariat avec l’université toulousaine Paul-Sabatier, qualifie ce secteur de "cluster" de tremblements de terre, sans lien avec l'activité sismique naturelle de la chaîne de montagnes.

Le premier séisme aux abords de Lacq a été ressenti par la population en 1969, quelques années seulement après le début de l'exploitation du gaz. Depuis, une centaine de tremblements de terre non-naturels ont lieu chaque année dans ce "cluster", dont parle le site de l'Observatoire Midi-Pyrénées. Pour les besoins de l’étude, quelque 15 capteurs sismiques ont été installés à proximité du site industriel de Lacq. Pendant trois ans, les tremblements de terre ont été recensés, localisés et analysés. Même les mouvements les plus infimes ont été pris en compte.

"Une sorte d’effondrement"

La revue scientifique Geophysical journal international vient de publier les résultats de l’étude, qui confirme l’hypothèse selon laquelle "le facteur des injections d'eaux usées a un rôle majeur dans la sismicité. Les eaux usées issues de l'activité industrielle sur le site sont en fait stockées régulièrement dans le réservoir sous terre", explique Jean Letort, enseignant chercheur à l'université Paul-Sabatier. Il ajoute : "On a pensé, pendant longtemps, que l'extraction du gaz provoquait une sorte d'effondrement et entraînait une activité sismique. Or, l'extraction du gaz a été arrêtée en 2013, mais les séismes n'ont pas cessé."

Une analyse fine de tous les séismes, croisée sur cinquante ans avec les données d'injections d'eaux usées, a mis en évidence un lien. Quant à la quantité de liquide ajouté, elle influe sur la puissance des secousses. "Ce que nous disons, nous scientifiques, c'est qu'il est important de poursuivre ces études. Il est important de mettre en place un réseau de surveillance pour mieux mesurer et préciser les aléas et les risques dans le cadre de projets de géothermie profonde ou de stockage de CO2. Dans plusieurs situations en Europe, des projets ont dû être interrompus", rappelle Jean Letort.

publié le 27 mai à 09h17, Cathy Gerig, 6Medias

Liens commerciaux