France

Produits d'hygiène : quand les Français délaissent les grandes surfaces, pour des alternatives plus qualitatives

© ANDBZ/ABACA

Selon BFMTV, les ventes de produits d’hygiène et de beauté enregistrent une chute spectaculaire en grande distribution. Cependant, cette tendance ne reflète pas un relâchement des Français sur leur hygiène, mais plutôt une mutation profonde de leurs habitudes de consommation.

Depuis plusieurs années, les rayons d’hygiène-beauté des supermarchés connaissent une véritable hémorragie. En 2024, les ventes en volume ont reculé de 5,2 %, une baisse bien plus marquée que celle de l’ensemble des produits de grande consommation, limitée à 0,6 %, relaye BFMTV. Savons, gels douche, shampoings et même dentifrices sont désormais moins plébiscités dans les grandes surfaces. Certaines catégories subissent un effondrement impressionnant, et ce phénomène s’accélère malgré une baisse de l’inflation alimentaire, signe que la tendance dépasse la simple conjoncture.

Cette désaffection est pourtant loin de signifier que les Français négligent leur hygiène. Au contraire, elle s’inscrit dans une transformation durable des comportements. D’abord, des changements dans les routines expliquent une partie de la tendance. Par exemple, la mode de la barbe a considérablement réduit les ventes de produits liés au rasage, depuis 2016, ces dernières ont chuté de 45 %. De plus, la méfiance envers les produits industriels s’est amplifiée, poussée par l’émergence d’applications qui décryptent leur composition.

Cela a incité de nombreux consommateurs à se tourner vers des solutions plus naturelles et respectueuses de l’environnement. Un autre facteur structurel est la fin des promotions massives qui attiraient autrefois les clients. Avec la loi Égalim 3, les rabais ne peuvent excéder 34 % de la valeur du produit, loin des -70 % ou -80 % courants auparavant. Enfin, l’achat d’impulsion a été freiné par les stocks réalisés fin 2023, lorsque les Français ont profité des derniers gros rabais avant l’entrée en vigueur de cette réglementation.

Un essor spectaculaire des pharmacies

Si les grandes surfaces enregistrent des pertes, d’autres circuits de distribution, comme les pharmacies, profitent pleinement de cette réorganisation des habitudes d’achat. Aujourd’hui, 17 % des ventes de produits d’hygiène et de beauté s’y réalisent, contre 49 % encore en grande distribution. En 2024, le chiffre d’affaires des pharmacies dans ce domaine a dépassé 2,7 milliards d’euros, en hausse de 4,6 % sur un an. Ce succès illustre un glissement vers des produits premium, souvent jugés plus qualitatifs et rassurants par les consommateurs.

Dans ces officines, toutes les catégories enregistrent une progression, notamment les soins de la peau (+4 %) ou encore les produits d’hygiène dentaire, dont les ventes ont bondi de près de 7 %. « Les consommateurs recherchent davantage de conseil et de qualité, quitte à payer plus cher », explique Nicolas Grelaud, expert des ventes en pharmacie. Ce basculement témoigne aussi d’une quête de mieux consommer. Plutôt que d’accumuler des produits, les Français privilégient des achats réfléchis, souvent dans des enseignes où la proximité et la confiance jouent un rôle central.

publié le 3 décembre à 17h15, Orane Guisset, 6Medias

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