Plan sociaux : la patronne de la CGT se paie le ministre de l'Industrie
© Blondet Eliot/ABACA - "Les plans de licenciements des grands donneurs d'ordres entraînent toujours des suppressions de postes dans les petites entreprises", prévient Sophie Binet.
Sophie Binet s'en prend, dans un entretien à "La Tribune Dimanche" à Marc Ferracci, le ministre de l'Industrie, qui se verrait plus, selon elle comme "un ministre des licenciements".
La cheffe de file de la CGT tacle Marc Ferracci, dans un entretien dimanche 10 novembre accordé à La Tribune Dimanche : "Le ministre installe l’idée qu’il n’y a plus lieu de se battre : 'prenez le chèque et taisez-vous'. Visiblement, il n’a pas compris son rôle : il n’est pas ministre des licenciements, mais de l’industrie !" Elle ajoute : "Les travailleurs ne se battent pas pour avoir des indemnités et partir, ils se battent pour défendre leur emploi. Il n’y a pas pire violence sociale que le chômage. Imaginez quand vous travaillez dans une usine depuis vingt, trente, quarante ans et qu’en dix minutes, comme à Michelin, vous apprenez sa fermeture !"
Et d'alerter : "Nous sommes au début d'une violente saignée industrielle". Sophie Binet, est claire : elle craint une accumulation de plans sociaux, qui provoquerait des milliers de licenciements. "On estime que plus de 150 000 emplois vont disparaître, probablement plus. Car il y a un effet domino sur toute la chaîne de sous-traitance", souligne-t-elle, avant de rappeler que "la CGT alerte depuis des mois".
Reçue par Michel Barnier à l'arrivée de ce dernier à Matignon, "je lui ai présenté une liste de plus de 180 plans sociaux que nous avons recensés. Aujourd'hui, cette liste frôle les 200. Et il y en aura d'autres", prévient-elle. "Dans l'automobile, chez les constructeurs, les équipementiers, mais aussi dans la chimie, etc. : tous les secteurs sont impactés", alerte Sophie Binet. Et d'insister : "Les plans de licenciements des grands donneurs d'ordres entraînent toujours des suppressions de postes dans les petites entreprises".
Le gouvernement inquiet
Du côté du gouvernement, l'heure n'est pas non plus à la sérénité. Le ministre de l'Industrie, Marc Ferracci, a affirmé samedi 9 novembre sur France Inter que des "milliers d'emplois" allaient probablement être détruits, "dans des filières qui sont dans des situations préoccupantes". En sous-texte, le ministre s'attend donc à de nouvelles fermetures de sites dans des secteurs comme "la chimie, la filière automobile, en particulier les équipementiers, la métallurgie".
La ministre du Travail, Astrid Panosyan-Bouvet, a elle concédé au JDD que "les conditions économiques se durcissent sensiblement".
publié le 10 novembre à 15h19, Martin Pereira, 6Medias