Orange avec 6Medias, publié le dimanche 05 février 2023 à 16h00
Un rapport d’expertise déposé dans les tribunaux administratifs et de commerce de Paris pointe du doigt les dangers alarmants liés à la vétusté de la gare du Nord, indique Le Parisien.
Voilà une nouvelle inquiétante pour les personnes qui transitent quotidiennement par la gare du Nord. Un rapport déposé aux tribunaux administratifs et de commerce de Paris révèle que l’état de délabrement de la gare du Nord fait encourir des risques à ses usagers, rapporte Le Parisien, dimanche 5 février.
Tout part d’une affaire qui oppose StatioNord, une entreprise qui devait se charger de moderniser la gare du Nord, et la SNCF, dans le cadre d’un litige après la rupture d’un contrat.
L’entreprise StatioNord, qui réclame 350 millions d’euros à la SNCF de préjudices, a mandaté un expert afin d'examiner les arguments avancés par la société ferroviaire pour rompre le contrat de rénovation de la gare.
Des risques pour les voyageurs !
Le rapport, de 120 pages, révèle une situation plus qu’alarmante. François Pinchon, l’expert, explique avoir décelé trois risques particulièrement graves pour les agents comme les voyageurs. Parmi eux, le risque de chute d’un bloc de béton de plusieurs tonnes sur les voies Eurostar. Des photos, incluses dans le dossier, montrent qu’un morceau de la façade est maintenu uniquement par des cordes.
En décembre dernier, déjà, un bloc de béton était tombé sur les voies alors que la SNCF venait d’entamer des travaux dans la gare routière située au dessus de la gare du Nord. “Heureusement, un train était parti trois minutes avant. Mais on est passé près de la catastrophe. Si quelqu’un l’avait pris sur la tête, il serait mort”, constate Xavier Bregail, de SUD.
Dans son rapport, l’expert prévoit également la possibilité d’un incendie de la passerelle de l’Eurostar. Celui-ci pourrait se déclencher dans le plancher en bois de la mezzanine, qui cache un enchevêtrement de câbles et de réseaux. “Si un feu se développe, l’incendie détruira les deux plateformes avec des risques majeurs pour les vies humaines des personnes qui circulent dans ces lieux”, indique-t-il, qui précise qu’il n’y a pas de système de détection de feu à cet endroit. François Pinchon note également que s’il venait à y avoir un “choc ferroviaire”, les voies 34 à 36 où circulent les transiliens H et K pourraient s'effondrer sur les voies des RER B et D, emportant au passage les commerces situés entre les étages.
“Nous ne sommes pas au courant des menaces pointées par le rapport, mais ça ne nous étonnerait pas. Chaque jour, nous constatons le béton armé des poteaux rouillés, qu’il s’effrite. Et il arrive, lors de travaux, que, sur les voies de RER souterraines, de petits morceaux du plafond tombent…”, confie Xavier Bregail. Si ces menaces sont avérées, elles pourraient coûter la vie à une partie des 600 000 usagers quotidiens de la gare du Nord.
Contactée par Le Parisien, la société ferroviaire assure que “la gare du Nord fait l’objet d’audits et de contrôles réguliers” et que lors de chaque chantier, “un diagnostic précis” est réalisé. Celui-ci est ensuite validé par "la commission de sécurité incendie de la préfecture de police de Paris." L’auteur du rapport, lui, indique ne pas s’être rendu sur place et avoir travaillé uniquement sur les documents fournis par son mandataire. La SNCF ne semble pas avoir été sollicitée pour la réalisation de ce constat.