Narcotrafic à Marseille : les magistrats tirent la sonnette d'alarme, "nous sommes en train de perdre la guerre"
© ANDBZ/ABACA - Les quartiers Nord de Marseille sont régulièrement l'objet de règlements de comptes.
Devant une commission d'enquête sénatoriale sur le narcotrafic en France, quatre magistrats de Marseille ont dressé un constat alarmant de la deuxième ville de France, rapporte La Provence. Seule solution pour endiguer le problème : la mise en place de mesures fortes.
À l'occasion de la première commission d'enquête menée en France sur les narcotrafics, quatre magistrats du tribunal judiciaire de Marseille ont été interrogés, mardi 5 mars, par les sénateurs, rapporte La Provence, jeudi. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que le constat sur la ville dépeint par les magistrats est loin d'être reluisant. Pire, il est même alarmant. "Je crains que nous soyons en train de perdre la guerre contre les trafiquants à Marseille", a ainsi déclaré Isabelle Couderc, vice-présidente du pôle criminalité organisée de la JIRS de Marseille.
Considérant la cité phocéenne comme l'"épicentre d'un phénomène national", le président du tribunal judiciaire de Marseille, Olivier Leurent, a ainsi pointé du doigt la difficulté dans laquelle se retrouve aujourd'hui l'État face à une problématique qui gangrène la ville. "C'est l'État qui se trouve en situation de vulnérabilité face à des trafiquants qui disposent, eux, d'une force de frappe considérable sur le plan des moyens financiers, humains, technologiques et même législatifs", a-t-il asséné.
"Mettre en place un plan Marshall"
Gangréné depuis de nombreuses années par le trafic, la ville de Marseille est souvent le théâtre de règlements de comptes sur fond de trafic de stupéfiants. En 2023, 50 personnes ont ainsi trouvé la mort dans la ville et 123 autres ont été blessées. "Le narcobanditisme agit à Marseille comme une sorte de gangrène", a estimé Olivier Leurent qui estime qu'il est désormais "indispensable de mettre en place un plan Marshall".
Face à un phénomène en hausse constante, le système carcéral, en surreprésentation, ne parvient plus aujourd'hui à apporter une réponse dissuasive à ceux qui prennent part au trafic. Ainsi, la prison des Baumettes affiche par exemple un taux d'occupation de 188%. À l'intérieur, les règlements de comptes, eux, se poursuivent. "Il y a une vraie mexicanisation, une vraie inquiétude (…) Il faudrait que l'ont ait des prisons de haute sécurité comme cela existe dans d'autres pays parce que sinon on va être dépassé", a expliqué Nicolas Bessone, le procureur de la République de Marseille.
Afin de répondre aux enjeux de la lutte contre le trafic, les magistrats ont décidé d'établir des priorités : augmentation des effectifs, mise en œuvre d'un dispositif carcéral distinct, hausse des moyens matériels... "le fatalisme ne doit pas être de mise", a ainsi déclaré Olivier Leurent.
publié le 7 mars à 21h57, Kévin Comby, 6Medias