Martinique : un couvre-feu partiel instauré jusqu'à fin septembre pour endiguer les violences urbaines
© Coppee Patrice/ABACA - Des blocages de grandes enseignes françaises avaient déjà eu lieu en Martinique en 2009.
Face à la crise sociale qui touche l'île des Caraïbes, où les prix atteignent des sommets, les manifestations ont pris un tournant drastique. Le préfet de la Martinique a décidé d'instaurer un couvre-feu dans les quartiers où se concentrent les tensions, rapporte notamment BFMTV.
Voitures brûlées, mobilier urbain arraché, commerces dévalisés... Les manifestations contre la vie chère dans certains quartiers de Martinique sont montées d'un cran ces derniers jours. Un jeune manifestant a été hospitalisé et plusieurs policiers ont été blessés par des tirs de plomb dans la nuit de lundi, selon Martinique La 1ère. La préfecture a décidé de sévir dans une décision relayée par BFMTV ce jeudi 19 septembre. Un couvre-feu a été décrété dans certaines zones, du mercredi 18 septembre jusqu'au lundi 23 septembre. Une durée renouvelable.
Des contrôles pour faire respecter l'interdiction
"Dans le contexte d’atteintes graves à l’ordre public que connaissent certains quartiers de Fort-de-France et du Lamentin, le préfet de la Martinique [Jean-Christophe Bouvier, Ndlr] a pris plusieurs mesures à portée générale", indique le communiqué de la préfecture. Les habitants de certains quartiers de Fort-de-France et limitrophes du Lamentin auront donc l'interdiction de sortir entre 21h00 et 5h00 du matin. Les personnes effectuant des missions de service public, ou des activités professionnelles "justifiées", ne sont pas concernées.
La préfecture prévoit d'instaurer des contrôles pour s'assurer que cette mesure est respectée. Une "amende de 4e classe" sera adressée à toute personne bravant cet arrêté, précise le texte.
Un sentiment d'injustice
Comme le rappelle France 24, la situation dans ce territoire d'Outre-mer où le chômage bat des records est abrasive, puisqu'elle est due à un profond sentiment d'injustice. La répercussion de l'inflation sur les produits alimentaires venus de métropole est devenue excessive, souligne le média, avec des prix 40% plus chers que ceux de l'Hexagone, d'après les calculs de l'Insee.
À travers ce nouveau mouvement de protestation, né sur les réseaux et notamment porté par l'association Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéens (RPPRAC), les habitants réclament l'alignement des prix martiniquais sur ceux de métropole. "Certains jeunes se sentent exclus et mal insérés dans la société, ce qui peut accentuer les tensions sociales et expliquer en partie cette délinquance", explique pour France 24 l'économiste spécialiste des Outre-mer Olivier Sudrie.
Pour Rosette Jean-Louis, présidente du conseil citoyen du quartier populaire Sainte-Thérèse, interrogée par franceinfo : "La cause est noble, mais la méthode (les violences, ndlr), ce que nous sommes en train de vivre là, discrédite le mouvement". La réponse autoritaire des pouvoirs publics pourrait bien mettre le feu aux poudres.
publié le 19 septembre à 11h41, Joanna Wadel, 6Medias