Marseille : de nouveaux poissons apparaissent dans les calanques
© SWNS/ABACA - Banc de Barracudas
Le changement climatique est à l'origine de l'apparition dans les eaux du Parc national des Calanques de plusieurs espèces de vertébrés, dont des raies et des barracudas en provenance du sud de la mer Méditerranée comme le révèle Le Figaro.
Le constat est clair pour Gérard Giordano : les barracudas sont de plus en plus nombreux et de plus en plus gros au sein des calanques de Marseille. En tant que vice-président Paca de la fédération nationale de la plaisance et des pêches en mer (FNPP), il affirme auprès du Figaro, comme de nombreux autres pêcheurs et plongeurs, que ces prédateurs marins s'installent peu à peu dans les eaux des calanques marseillaises.
Les spécialistes ont rapidement relayé l'arrivée de cette nouvelle espèce dans les profondeurs du site, étonnés par la présence de ce vertébré aquatique plus habitué aux eaux du sud de la Méditerranée. Selon Vincent Garcia, moniteur et guide de pêche de la région depuis une dizaine d'années, "c'est un poisson qui s'installe progressivement dans la région et qui prend peu à peu sa place grâce à sa capacité d'adaptation". Didier Réault, président du Parc national des Calanques, souligne également que ces poissons arrivent en grand nombre, souvent en bancs de dizaines d'individus, ce qui suscite la surprise tant chez les pêcheurs que chez les visiteurs.
Des études scientifiques réalisées pour évaluer la menace potentielle
Le barracuda n'est pas le seul à faire son apparition dans les environs des Calanques. Au cours des deux dernières années, certains plongeurs ont repéré des coryphènes. Ces poissons, connus pour leur grande vitesse, ont migré progressivement de l'océan Atlantique vers la mer Méditerranée, attirés par sa chaleur. De manière encore plus spectaculaire, des raies Mobula ont été observées nageant à seulement quelques milles nautiques des Calanques. Un jeune spécimen de cette espèce, pouvant atteindre jusqu'à une tonne à l'âge adulte, a même été capturé par un pêcheur avant d'être relâché en toute sécurité. Gérard Giordano précise que ces espèces se rapprochent du parc et deviennent de plus en plus nombreuses dans les zones avoisinantes accessibles aux petits bateaux de pêche.
Mais ce nouveau phénomène présente-t-il un danger pour la biodiversité locale ? Le parc national des Calanques indique que l'arrivée de nouveaux prédateurs ne signifie pas nécessairement que tous les poissons seront consommés, mais admet qu'elle soulève des questions. Des études scientifiques sont en cours pour examiner ce phénomène et évaluer son impact sur l'équilibre des écosystèmes marins environnants. Vincent Garcia ajoute : "Le barracuda occupe un espace où certaines espèces ont été réduites par la surpêche. C'est un processus naturel de substitution dans la chaîne alimentaire, jusqu'à ce qu'un nouvel équilibre soit atteint." Didier Réault conclut en soulignant que "cela aura inévitablement des répercussions sur l'écosystème local. C'est un phénomène à surveiller de près afin de continuer à protéger les espèces existantes".
publié le 27 février à 10h30, Ghyslain Le Roy, 6Medias