France

Lyon : la gastronomie lyonnaise menacée par les fast-food ?

© Stratenschulte Julian/DPA/ABACA - 45% des Français mangent au fast-food une fois par mois

Cela fait plusieurs mois maintenant que les géants du fast-food commencent à s’implanter dans le centre-ville de Lyon. Ce constat inquiète les commerçants de la ville qui n’hésitent pas à manifester leur mécontentement.

KFC, Quick, McDonald's, O’Tacos. Tant de chaînes de restauration rapide qui font saliver nos papilles : surgras, acidité, sucre. Tous les éléments sont réunis pour donner envie de revenir. Et ça, les enseignes l’ont bien compris puisqu’elles s’installent progressivement dans les villes françaises, dont Lyon. D’ailleurs, les acteurs de la capitale mondiale de la gastronomie en 1935 selon le critique culinaire Edmond Sailland, s'inquiètent de cette invasion : "Dans le centre de Lyon, comme ailleurs, le choix se réduit de plus en plus avec une invasion de fast-foods. Il y a désormais plus de fast-foods que de restaurants traditionnels, c’est un grand basculement." alerte Boris Tavernier. En 2023, le chiffre d'affaires de la restauration rapide a dépassé celui du service à table dans la troisième ville de France.

Et la situation ne risque pas de s’arranger pour les restaurateurs. De nombreux paramètres sont en faveur de l’arrivée en masse des restaurants de "malbouffe". D’abord, il y a l’aspect économique. Le prix des loyers est exorbitant pour les indépendants. "Mon prédécesseur le louait 2500 euros. Dès mon arrivée, le bailleur l’a passé à 7500. À ce prix, aucun indépendant ne peut s’installer", assure Yves Hecker, fondateur des Burgers de Papa en 2013, à Lyon. Aujourd’hui, il loue son local de 120 m² à 10 000 euros par mois. Un montant que peuvent facilement assumer les géants du fast-food. Autre point : le pouvoir d’achat et le mode de consommation des Français. "Avec l’américanisation de notre culture, le temps consacré au repas du midi a été divisé par trois pour atteindre 35/40 minutes. Forcément tu ne manges plus les mêmes choses", affirme Yves Hecker. Rapide donc, et abordable puisque les chaînes se livrent une bataille sur les menus à cinq euros. Alors que les prix sur les cartes, eux, ne font qu’augmenter face au coût de la hausse dans la restauration traditionnelle.

La cuisine lyonnaise peut-elle s’en sortir ?

Paul Bocuse, Anne-Sophie Pic, Dominique Crenn, César Troisgros, Régis Marcon. Tous ces grands noms de la gastronomie font ce qu’il faut pour perpétuer la tradition culinaire de la capitale des Gaules, en participant au Lyon Street Food Festival. L’objectif : s’ouvrir à un public nouveau grâce à des prix plus abordables mais également de profiter de ce marché en pleine expansion. "Il y a toute une nouvelle génération qui a repris le flambeau, commente Christian Têtedoie. Et honnêtement, je pense que globalement on mange de mieux en mieux à Lyon." Autrement dit, la cuisine lyonnaise a encore de beaux restes.

publié le 1 décembre à 21h00, Sébastien Salpietro, 6Medias

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