Les "tickets-resto" utilisés en supermarché : "un scandale" pour les restaurateurs
© Patricia Huchot-Boissier/ABACA
L'utilisation des titres-restaurants en grande surface pourrait être reconduite en 2025. Pour Thierry Marx, le président de l'organisation patronale Umih, cette mesure priverait les restaurateurs de "576 millions d'euros".
Faites-vous partie de ces nombreux Français qui utilisent pour faire leurs courses, les titres-restaurants fournis par leur entreprise ? Sachez que vous pourrez sans doute continuer en 2025. Le gouvernement a en effet annoncé un arbitrage à venir concernant l'extension de l'utilisation de ces tickets pour acheter en grandes surfaces des produits non directement consommables (farine, pâtes, riz, viande, etc.), en place depuis 2022. Mais ce qui est une bonne nouvelle pour les usagers, n'en est pas vraiment une pour les représentants de la restauration. Ce samedi 12 octobre, le célèbre chef Thierry Marx, président de l’Umih (première organisation patronale des restaurateurs) a employé le terme de "scandale" pour commenter cette décision gouvernementale. Les titres-restaurants "ont été créés pour les restaurants" a-t-il lancé au micro de RMC, leur extension à la grande distribution privera les restaurateurs d'une manne estimée à "576 millions d’euros" affirme-t-il.
Un syndicat préconise "un double plafond" journalier
L'utilisation des tickets-resto dans les supermarchés fait l'objet d'un plafond quotidien actuellement fixé à 25 euros par caddy. Le Groupement des Hôtelleries et Restaurations de France (GHR), autre syndicat du secteur, préconise un "double plafond journalier de paiement : un à 15 euros en grande surface, et un de 25 euros dans les restaurants" présente le restaurateur Romain Vidal, chargé du dossier. S'il admet un avantage "en termes de pouvoir d'achat" pour les consommateurs, surtout en période d'inflation, il plaide pour ne pas "continuer de flécher tous les titres-restaurants vers la grande distribution". Thierry Marx, lui, va encore plus loin et demande la création d’un autre titre "d’alimentation durable" à destination de la grande distribution.
L'émetteur des tickets-restaurant, Edenred, affiche une position plutôt similaire à celle des syndicats de la restauration : ce titre est un "avantage social, destiné à bien s’alimenter pendant sa journée de travail. Il est donc important qu’à long terme, il reste ancré dans la restauration, pour que les entreprises continuent d’accepter de le financer", explique le groupe. Layla Rahhou, déléguée générale de la première organisation patronale de la grande distribution (la Fédération du Commerce et de la Distribution), s'est exprimée sur LinkedIn, affirmant que "les habitudes de consommation évoluent (préparation de repas faits maison pour le travail, télétravail…) pour des raisons pratiques, sociales et économiques". En ce sens, l'extension des titres-restaurants en grande surface lui semble justifiée. Reste donc à savoir comment le gouvernement se positionnera sur cette question, dans le cadre d'un arbitrage annoncé "ces prochains jours".
publié le 12 octobre à 14h13, Sabrina Guintini, 6Médias