France

La RATP aurait obligé plusieurs de ses conducteurs de bus à frauder les contrôles techniques de leur véhicule pour éviter des pénalités

© Villette Pierrick/ABACA - Un bus RATP. (Image d'illustration)

Dans une enquête du Parisien, plusieurs conducteurs de bus RATP témoignent avoir été obligés par leur direction d'"effacer les alertes" de leur véhicule avant le contrôle technique à l'aide d'un boîtier électronique.

"Effacer les alertes." Sur l'écran d''un boitier électronique relié par câbles à un bus RATP, un chauffeur clique sur cette icône permettant de supprimer les voyants d'alertes du véhicule, et ce, juste avant le passage au centre de contrôle technique. Cette méthode peu orthodoxe que plusieurs conducteurs disent avoir été sommés d'appliquer par leur direction, serait systématique, témoignent-ils dans une enquête du Parisien.

"On nous fournit une valise ou un boîtier électronique, le même que celui d’un garagiste pour les diagnostics", témoigne Joël (les prénoms ont été modifiés). Ces derniers doivent ensuite le brancher à l'arrière de la cabine du conducteur et n'ont plus qu'à cliquer sur l'icône "Effacer les alertes", affiché sur l'écran. Aussitôt, les voyants oranges disparaissent.

Pas d'alertes, pas de pénalités pour les chefs

Une manipulation douteuse qui permet d'éviter les contres-visites nécessaires si un défaut apparaît pendant le contrôle, nécessaire pour assurer la sécurité des passagers. "Il ne faut pas que les bus restent immobilisés, autrement toutes les rotations ne sont pas assurées", détaille Élie. "La RATP peut avoir des pénalités et les chefs se font taper sur les doigts."

"Ce qui est fou, c’est que ça ne viendrait pas à l’idée d’un particulier d’effacer tous les voyants avant de passer sa voiture personnelle au contrôle technique", assène un autre chauffeur contacté par Le Parisien.

Interrogée par le quotidien, la RATP dément l'utilité de ces boîtiers électroniques pour rendre les alertes invisibles. Selon le transporteur, ces dernières resteraient efficientes avec ou sans remise à zéro des valeurs de mesures. Une information contestée par un responsable d’un centre de contrôle technique. Interpellé par la présidente de région Île-de-France, Valérie Pécresse, sur des "dérives frauduleuses", le président de la RATP, Jean Castex, n'a pas répondu.

publié le 22 août à 08h56, Gabriel Gadré, 6Médias

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