France

L’exécutif a-t-il laissé Nestlé commercialiser des eaux minérales traitées illégalement ? Emmanuel Macron répond sans détours

© Pixabay - Eau

Le Monde et Radio France ont révélé dans une enquête, parue mardi 4 février, que l’exécutif aurait permis la vente de produits Nestlé, pourtant non conformes à la réglementation et dangereux pour la santé. L'exécutif et Emmanuel Macron ont démenti ces accusations en affirmant qu' "aucune connivence" n'existe entre le gouvernement et le groupe.

Un rapport accablant. Déjà visé par des révélations, début 2024, Nestlé est une nouvelle fois mise en cause. Une enquête conjointe du Monde et de Radio France affirme que le gouvernement a autorisé le groupe à commercialiser des eaux minérales qui ne respectaient pas les recommandations d'interdiction des autorités sanitaires, datant de janvier 2023. Une décision dangereuse pour la santé des consommateurs, rapporte BFMTV.

Les deux médias font notamment référence à une note du 20 janvier 2023 dans laquelle le directeur général de la santé (DGS), Jérôme Salomon, demandait de "suspendre immédiatement l'autorisation d'exploitation et de conditionnement de l'eau pour les sites Nestlé des Vosges" ainsi qu’au site d'embouteillage de Perrier (à Vergèze, dans le Gard). Il s’appuyait sur un rapport de l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) sur l'utilisation de microfiltres inférieurs à 0,8 micromètre, qui expliquait que l'eau en sortie de puits n'était "pas microbiologiquement saine".

Déjà dans le viseur de la justice

Mais le cabinet d’Elisabeth Borne aurait accepté cette pratique illégale, et ce malgré avoir reçu la note, un mois auparavant. En citant des "échanges de mails et de notes ministérielles", les deux médias accusent Matignon d'avoir dès 2023 "privilégié les intérêts de Nestlé au détriment des consommateurs" en accordant au groupe des dérogations sur l'usage de microfiltres.

Ce n’est pas la première fois que le groupe est secoué par des histoires d’illégalité. Filiale du géant suisse de l'agroalimentaire, Nestlé Waters avait déjà reconnu l’utilisation des systèmes interdits de microfiltration pour maintenir la "sécurité alimentaire" de ses eaux minérales. Suite à une plainte de l’association Foodwatch, le groupe, propriétaire en France des marques Vittel, Contrex et Hépar, puisées dans les Vosges, et Perrier dans le Gard, avait même accepté en septembre 2024 de payer une amende de 2 millions d’euros pour éviter un procès.

Le gouvernement dément

D’ailleurs, l’ONG a remis ça en portant plainte à nouveau cet automne. “Le gouvernement français aurait cautionné une fraude d'ampleur mondiale. Foodwatch demande qu'un procès établisse les responsabilités et que des sanctions exemplaires tombent”, a-t-elle affirmé. Pour sa défense, l’Élysée indique ne pas avoir "vocation à intervenir sur les méthodes de micro-filtration de l’eau mais l’attention de ses équipes a été attirée sur ce sujet par l’entreprise Nestlé -comme c’est le cas d’autres entreprises sur d’autres sujets- et a renvoyé les intéressés vers les services de l’État compétents”, selon BFMTV. En octobre 2024, le Sénat pointait déjà l'"opacité" des pouvoirs publics et des industriels dans ce dossier. Interrogé sur le sujet, mardi 4 février, Emmanuel Macron a souligné qu’ “il n'y a de l'entente avec personne, il n'y a pas de connivence avec qui que ce soit.”

publié le 4 février à 14h05, Sébastien Salpietro, 6Medias

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