France

Grèves, retraites... combien coûtent les privilèges des cheminots ?

© Huchot-Boissier Patricia/ABACA

Alors qu'un préavis de grève reconductible a été déposé par les quatre syndicats de la SNCF à compter du 11 décembre, les mouvements sociaux des cheminots coûtent de plus en plus cher au contribuable. Quant à leurs avantages, ceux-ci représentent aussi un coût non négligeable sur l'économie française, rapporte Le Figaro.

C'est la question qui revient sur toutes les lèvres à l'approche des fêtes de fin d'année. Les cheminots vont-ils lancer un nouveau mouvement de grève et prendre en otage les usagers des rails pour obtenir gain de cause dans leurs revendications. Si la dernière grève en date du 21 novembre a peu été suivie, le mouvement social pourrait finalement reprendre de l'ampleur à partir du 11 décembre, date à laquelle un préavis reconductible a été déposé par les quatre syndicats de la SNCF. Une situation qui devrait avoir de lourdes répercussions, tant sur les voyageurs que sur l'économie, rapporte Le Figaro.

Outre le désagrément supporté par les milliers de voyageurs pris en otage, chaque jour de grève coûte cher à la SNCF. Et même très cher. Alors que l'entreprise ferroviaire n'a pas connu une seule année sans mouvement social depuis 77 ans, chaque jour de blocage engendre une perte de 20 millions d'euros à la SNCF, soit plus de la moitié du prix d'une rame de TGV évaluée à 35 millions d'euros.

690 millions d'euros en 2019, 100 millions en 2022

Encore dans les mémoires cinq ans après, la grève de 2019, qui avait duré 27 jours lors de la première réforme des retraites, avait engendré un manque à gagner de 690 millions d'euros pour l'entreprise. En 2022, il s'élevait à près de 100 millions d'euros. Si la SNCF est contrainte de perdre plusieurs millions d'euros à chaque mouvement social, celle-ci n'est pas la seule. En effet, chaque jour de grève dans les transports a un coût pour l'économie française estimé à 300 millions d'euros. Nombreuses sont en effet les entreprises à en pâtir avec des salariés contraints de jongler pour trouver une solution pour se rendre au travail quand elle existe.

Pour autant, même quand ils ne font pas grève, les cheminots continuent de coûter cher au contribuable. Selon l'institut Fipeco, celui-ci est passé de 13,7 milliards d'euros en 2016 à 18,5 milliards d'euros en 2021, et même 20 milliards d'euros en 2022. Parmi les charges supportées par les contribuables (ménages et entreprises), les subventions pour les coûts de fonctionnement de la SNCF représentent 10,1 milliards d'euros, note François Ecalle, le fondateur de l'institut. À ce coût s'ajoute celui des subventions d'investissement reçues par l'entreprise de l'ordre de 6,2 milliards d'euros ainsi que les intérêts de la dette de la SNCF supportés par l'État (25 milliards d'euros dans la loi de finances de 2020 et 10 milliards dans celle de 2022).

À ces dépenses s'ajoute enfin chaque année le versement par l'État d'une subvention d'équilibre estimée à 3,3 milliards d'euros pour la Caisse de prévoyance et de retraite du personnel de la SNCF qui a la charge du régime spécial des cheminots. Si beaucoup pensaient le système disparu après la réforme des retraites, il n'en est finalement rien. En effet, si le recrutement de nouveaux cheminots au statut a cessé le 1er janvier 2020 pour faire place à des contrats de droit privé, la mesure n'aura une incidence que pour les nouveaux salariés. Quant aux anciens, ces derniers ne sont par exemple pas concernés par l'âge de départ à la retraite, creusant ainsi toujours un peu plus le déficit du régime.

publié le 30 novembre à 13h22, Kévin Comby, 6Medias

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