Orange avec Media Services, publié le jeudi 09 mars 2023 à 15h00
Nouvelle action dans le cadre de la mobilisation. Le quartier du stade de France à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), près de Paris, a été privé de courant jeudi 9 mars.
Des forêts de bras se lèvent, des fumigènes propagent des panaches de fumée rouge CGT : électriciens et gaziers camouflent une poignée de collègues qui viennent de couper le courant du stade de France et du chantier du village olympique, une action afin de protester contre la réforme des retraites.
Des agents du secteur du gaz et de l'électricité ont coupé le courant de tout le quartier, a annoncé la CGT à des journalistes sur place.
La presse avait été conviée pour relayer cette action symbolique du durcissement engagé par les grévistes du secteur cette semaine. En quelques minutes à peine, "l'action a privé d'énergie le village olympique, le quartier au niveau zone commerciale, des data centers et aussi le stade de France", selon Sébastien Menesplier, secrétaire général de la CGT énergie.
Convoyés dans cinq cars
"Face à un gouvernement droit dans ses bottes, nous sommes nous aussi droits dans nos bottes (...) J'en appelle à la responsabilité du gouvernement et du président de la République : retirez votre réforme et les électriciens et les gaziers reprendront le travail pour le service public et l’intérêt général", demande le syndicaliste. Environ 300 agents étaient présents pour cette action. Certains, cagoulés, ont levé les bras et allumé des fumigènes pour camoufler ceux qui ont coupé le courant et les mettre ainsi à l’abri des regards et des caméras.
Rassemblés en début de matinée dans un complexe sportif, à quelques kilomètres à peine, ils ont été convoyés dans cinq cars, pour rejoindre aussi discrètement que possible ce "poste source Ampère", rénové en septembre dernier dans la perspective des JO et du métro du Grand Paris Express. C'est là qu'arrive l'énergie des centrales nucléaires par le réseau de RTE, dans un poste source RTE/Énedis, avec un gros transformateur, "et il y a plein de câbles qui partent alimenter des quartiers, des entreprises, les gens", explique Frédéric Probel, secrétaire général du syndicat CGT Énergie Bagneux.
500 clients touchés
Les agents ont d'abord interrompu la possibilité pour RTE de manœuvrer et surveiller le poste électrique à distance, une manœuvre qui vaut aujourd'hui à quatre ex-agents du gestionnaire des lignes à haute et très haute tension d'être poursuivis en justice, après avoir été licenciés. D'où les précautions et la venue en nombre pour noyer l'action dans la masse des agents présents. "On a ouvert les interrupteurs de quatre câbles, un qui alimentait la zone commerciale et le Stade de France, un qui alimentait trois data centers, et un qui alimentait le chantier du village olympique", précise Frédéric Probel.
Énedis rapporte à l'AFP qu'un peu plus de 500 clients ont été effectivement privés de courant. Mais le courant a été rétabli immédiatement, via des manœuvres à distance pour la plupart d'entre eux, des techniciens travaillant sur place pour "réalimenter les derniers clients". La société portera plainte, comme à chaque fois.
"Emmanuel Macron, si tu continues, il va faire tout noir chez toi !"
L'action a été votée à main levée quelques heures plus tôt par les agents, dans le gymnase où ils étaient rassemblés. Ils ont ensuite entonné un chant qui fait fureur chez les agents de l'énergie, depuis le début de la contestation : "Emmanuel Macron, si tu continues, il va faire tout noir chez toi !" "On décide ensemble, je ne suis pas derrière chaque salarié, ils sont en colère, c'est un moyen de faire sortir la colère, de faire comprendre qu'on est là, on sert à quelque chose", explique Frédéric Probel.
Cette action était "un rendez-vous important pour la journée de 'sobriété énergétique' qu'on a organisée partout dans le pays", a indiqué Sébastien Ménesplier. Selon lui, des coupures ciblées ont touché des plateformes logistiques, des centres commerciaux et des industriels dans toute la France. Électriciens et gaziers protestent contre le projet qui prévoit de retarder leur départ à la retraite de deux ans, mais aussi supprimer leur régime spécial de retraite.