France

Fin de vie : des organisations de soignants tirent à boulets rouges sur les annonces d'Emmanuel Macron

Dans un communiqué conjoint publié lundi 11 mars, quinze organisations dénoncent un système "bien éloigné des besoins des patients et des réalités quotidiennes des soignants" mais aussi un manque de moyens consacrés à la fin de vie.

Des professionnels de santé passablement énervés après les annonces d'Emmanuel Macron sur l'épineux sujet de la fin de vie. Comme le rapporte BFMTV, lundi 11 mars, quinze organisations de soignants ont réagi à l'entretien accordé la veille par le chef de l'État aux journaux La Croix et Libération et estiment qu'Emmanuel Macron a "annoncé un système bien éloigné des besoins des patients et des réalités quotidiennes des soignants".

Les signataires du communiqué fustigent notamment les "conditions de l'élaboration du texte" et accusent le gouvernement de faire "le choix de la brutalité en ignorant la parole des soignants qui n'ont pas été consultés depuis septembre dernier". Des propos qui font tache alors qu'Emmanuel Macron avait affirmé le contraire. "De manière très pragmatique, nous avons consulté les patients, les familles, les équipes soignantes, la société pour constater que la loi Claeys-Leonetti, qui fixe le cadre légal actuel, avait conduit à beaucoup d’avancées mais ne permettait pas de traiter des situations humainement très difficiles."

Les organisations de soignants dénoncent un manque de moyens

Dénonçant un "mépris du travail des soignants", les organisations pointent également du doigt une "confusion sur le sens du soin", expliquant dans leur communiqué que les soignants "répètent avec constance que leur mission n'est pas de donner la mort". Enfin, elles regrettent également le manque de moyens prévus par l'État : "Emmanuel Macron annonce une augmentation du budget annuel des soins palliatifs de 6%, alors même que 50% des patients n’ont pas accès à un accompagnement adapté, soit cinq cents personnes par jour : une personne sur deux."

"Mourir dans la dignité est une demande bien légitime, mais c’est précisément la mission des soins palliatifs notoirement sous-dotés, insuffisamment connus et trop peu disponibles en France. Supprimer les malades pour supprimer le problème à moindre coût, voilà ce qu’en somme propose cette annonce.", concluent-elles dans leur communiqué.

Après de longs mois de réflexion et plusieurs reports, Emmanuel Macron a annoncé, dimanche 10 mars qu’un projet de loi ouvrant une "aide à mourir" sous "conditions strictes" serait présenté en avril en Conseil des ministres, en vue d’une première lecture en mai à l’Assemblée nationale. Les patients majeurs, "capables d'un discernement plein et entier", atteints d'une "maladie incurable" avec "pronostic vital engagé à court ou moyen terme" et subissant des souffrances "réfractaires" pourront "demander à pouvoir être aidés afin de mourir", a détaillé Emmanuel Macron.

publié le 11 mars à 10h03, Quentin Marchal, 6Medias

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