France

Élèves absents pour l’Aïd : malgré les explications du gouvernement, la polémique continue d’enfler

Le Service central de renseignement territorial attendait de tous les enseignants qu’ils recensent les élèves absents pendant le ramadan et plus particulièrement pendant l’Aïd el-Fitr, la fête marquant la fin du mois de jeûne, révèle un document consulté par RTL.

Derrière les courriers reçus par une centaine d'établissements scolaires de Toulouse et des environs, se cacheraient des centaines d’autres demandes de comptage des élèves absents le jour de la fête de l’Aïd el-Fitr du 21 avril dernier. RTL a pu lire un mail envoyé le 25 avril par le Service central de renseignement territorial à l’ensemble de ses antennes territoriales. Son but : obtenir des "éléments" sur l’absentéisme scolaire durant toute la période du ramadan et plus "particulièrement à l’occasion de la fête" de fin du mois de jeûne, indique la radio, mardi 23 mai. La demande de "recensement" aurait donc été nationale.

Dès le 26 avril, le mail était transmis à de nombreux établissements scolaires, comme l’a révélé La Dépêche. Une information à l’origine d’un tollé dans la communauté éducative et dans le milieu associatif. Dans la foulée, SOS Racisme a interrogé le ministère de l’Intérieur sur ces pratiques peu respectueuses de la laïcité. Si chaque année des informations concernant le déroulement du ramadan sont demandées, c’est une première concernant l’Aïd, explique 20 Minutes. "Ça n’est jamais arrivé auparavant", confirme Bruno Bobkiewicz, secrétaire général du Syndicat national des personnels de direction de l’Éducation nationale (SNPDEN).

Formulation ambiguë

Si du côté de Toulouse la demande de comptage avait été transmise par les policiers, à Montpellier, elle a été transférée par le service départemental de l’Éducation nationale. "Nous sommes intervenus pour dénoncer cette démarche, et l’administration a rapidement annulé sa demande", précise la secrétaire générale du Syndicat général de l’éducation nationale (SGEN-CFDT) Catherine Nave-Bekhti. "On sait enterrer une enquête quand elle nous déplaît", commente Bruno Bobkiewicz, également proviseur.

Via un communiqué, Sonia Backès, la secrétaire d'État auprès du ministre de l'Intérieur chargée de la citoyenneté a reconnu, dimanche, qu’une "évaluation du taux d'absentéisme lors de la fête de l'Aïd" avait pu être demandée "dans certaines académies". Mais selon l'Intérieur, il n’était pas question de ficher les élèves selon leur religion. D’ailleurs, aucune donnée nominative n'a été "ni demandée ni recensée à aucun moment", assure le document. Une formulation laissant entendre que seules certaines académies étaient concernées par la demande.

Celle-ci passe d’autant plus mal qu’une circulaire de 2004 autorise les absences pour fête religieuse, que ce soit Yom Kippour ou l’Aïd, rappelle 20 Minutes. Lundi 23 mai, ajoute BFMTV, la FSU, le syndicat majoritaire dans l'Éducation nationale, a écrit à Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, pour lui demander des "précisions" sur "la nature de la demande nationale".

publié le 23 mai à 11h15, Orange avec 6Medias

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