France

Ehpad : le groupe Emera dans la tourmente après de nombreux cas de mauvais traitements

Deux ans environ après le scandale Orpea, c'est le groupe Emera qui doit faire face à des accusations de maltraitance dans ses établissements. Le Parisien recense plusieurs cas de mauvais traitements, dont certains auraient directement conduit à la mort des résidents.

"Insoutenable". C'est ainsi qu'Alice Béranger, 33 ans, décrit l'odeur de l'Ehpad de Gradignan, en Gironde. Cette psychologue dénonce auprès du Parisien les conditions dans lesquelles sa grand-mère de 96 ans est hébergée, depuis 18 mois, dans un établissement du groupe Emera, dont les chambres peuvent coûter jusqu'à 5 000 euros par mois. Elle vient même de porter plainte pour "violences habituelles sur personne vulnérable" contre le groupe - une plainte qui mentionne aussi des "violences psychologiques".

En plus des médicaments administrés par erreur, la petite-fille de la résidente raconte : "En quelques mois, je me suis rendue compte sans qu’on me prévienne qu’elle avait une phlébite, puis un abcès à la gencive, puis qu’elle était dénutrie." Près de deux ans après le scandale Orpea, Emera est en pleine tourmente : fin août, un homme de 80 ans s'était défenestré depuis son Ehpad de Grasse (Alpes-Maritimes). Un établissement où syndicats et familles déploraient depuis des mois le manque de personnel, les conditions de travail et les mauvais traitements. Les exemples de maltraitance sont nombreux et parfois mortels, comme à La Garenne-Colombes (Hauts-de-Seine), où une femme de 83 ans est morte des suites d'une déshydratation.

Un rapport de l'ARS accablant

Acculé et confronté au burn-out de ses directeurs, de l'aveu même d'un ancien responsable qui se confie au Parisien, le groupe Emera avait convoqué un séminaire à Carcassonne (Aude), fin septembre, pour souder ses équipes. Mais une vidéo tournée sur place, où salariés et syndicats sont moqués, fait parler. Le groupe, lui, assure qu'il s'agit d'une initiative des comédiens invités au séminaire. Reste qu'un rapport d'inspection de l'ARS, consécutif à des plaintes, dénonçait en décembre 2021 les conditions d'accueil de l'Ehpad de La Garenne-Colombes, entre "taux de rotation élevé de l'équipe de direction", "familles peu informées" et "très faible culture de la déclaration des événements indésirables".

publié le 20 octobre à 08h20, Emmanuel Davila, 6Medias

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