Décès liés à l'hydroxychloroquine pendant le Covid : un article retiré après des pressions ?
© Blondet Eliot/ABACA
La Société française de pharmacologie tire la sonnette d'alarme. Dans un communiqué publié cette semaine, elle s'inquiète qu'un article, pointant le lien entre l'usage de l'hydroxychloroquine et plusieurs milliers de décès, ait été retiré après des pressions de lobbies défendant le faux traitement contre le Covid.
Publié en janvier dernier dans la revue Biomedicine et Pharmacotherapy, l'article avançait un lien entre l'usage "compassionnel" de l'hydroxychloroquine et la mort de 17 000 personnes en Belgique, Espagne, aux États-Unis, en France, en Italie et en Turquie lors de la première vague de Covid-19 en 2020, relaie le site d'information médicale Medscape. Dès la publication de cet article, qui s'appuyait sur des données concernant le recours, hors recommandation officielle, du traitement qui a rendu célèbre le Pr Didier Raoult, ses cosignataires avaient été pris pour cible sur les réseaux sociaux. Un phénomène malheureusement courant lorsque la molécule défendue par nombre de complotistes et antivax est mentionnée.
De quoi influencer la revue qui a finalement préféré retirer l'article le 26 août dernier ? C'est en tout cas ce que craint la Société française de pharmacologie. Ce 5 septembre, elle a fait part de son inquiétude quant à "l'intervention de lobbies non scientifiques". "Si cela était le cas, une telle rétractation constituerait une première historique et introduirait un risque majeur pour tous les chercheurs et revues scientifiques dont les travaux vont à l’encontre des convictions de tel ou tel groupe d’influence", avance-t-elle dans son communiqué alors que la revue justifiait le retrait en évoquant, entre autres, un nombre conséquent de "courriers de lecteurs" négatifs sur le papier.
Ouest-France souligne que cette réaction d'une société savante au retrait d'un article est plutôt rare dans le milieu. Ce qui n'est pas le cas des rétractations d'articles en revanche. Néanmoins, celles-ci sont toujours en principe fondées sur des raisons importantes, comme la mise en lumière de données manipulées, ce qui ne semble a priori pas être le cas ici.
publié le 8 septembre à 16h00, Marianne Fenon, 6Medias