France

Comment, à cause d’une facture de deux euros, deux agricultrices pourraient perdre 20 000 euros d’aide

Une facture de deux euros empêche le dossier de deux agricultrices d’avancer. Si celui-ci n’est pas finalisé d’ici à la fin du mois de mai, elles pourraient voir s’envoler 20 000 d’aide, explique France 3 Régions. Elles ont interpellé Gabriel Attal. C’est une histoire à dormir debout, comme seule l’administration en offre. "C'est notre projet même qui est aujourd'hui en péril. Nous ne pourrons nous relever d'une telle perte au lancement de notre activité. Joint encore ce matin, comme tous les jours de cette semaine, les interlocuteurs de l'INPI (Institut national de la propriété industrielle) nous indiquent qu'ils n'ont pas de retours à nous faire et nous suggèrent de rappeler toutes les semaines." France 3 Régions a lu le courrier envoyé au Premier ministre par deux agricultrices. Depuis plusieurs semaines, leur dossier est bloqué. Marine Gehin et Ornella Dante ont entamé une reconversion professionnelle. Elles souhaitent se lancer dans l'agriculture biologique en Saône-et-Loire. Mais une facture de 2 euros à l'INPI pourrait les priver de 20 000 euros. Pour obtenir ce soutien clé, leur dossier doit être bouclé avant la fin du mois. “Voici le mépris que réservent vos services aux jeunes agriculteurs en pleine crise agricole", soulignent-elles dans leur missive.

Les deux femmes racontent un parcours semé de complications. “C'est vraiment délirant. On a beaucoup de stress, on y passe beaucoup de temps. On est bloqué à chaque étape pour des problèmes inattendus. Je pensais que ce serait plus fluide”, confirme l’une d’elles. Pour prétendre aux aides, elles doivent réaliser un budget prévisionnel sur quatre ans. "Ça représente des tableaux comptables, on doit se projeter sur un chiffre d’affaires, des charges. Pour remplir ces fiches, on a des fichiers de travail, comment on pense travailler sur des années, qu'est-ce qu’on va produire, en variété, en kilo, à qui on va vendre et combien...", illustre-t-elle aussi.

"Premières sacrifiées"

De ce budget prévisionnel dépend l’accord de 4 500 euros de crédit d'impôt bio, 4 600 euros d'aide Jeune Agriculteur, et 10 200 euros de subvention. "En ce début d'année et à la suite de la crise agricole, votre gouvernement a exprimé sa volonté de simplifier les démarches : nous sommes aujourd'hui au cœur de la faillite d'un système administratif mortifère, et nous allons en être les premières sacrifiées", écrit encore le binôme au Premier ministre.

Sans ces aides, les deux candidates à l’installation ne pourront pas se lancer. "Nous savons qu’on n'aura pas de rémunération sur les deux ans à venir au moins. On sait que c'est un long parcours, difficile. Le choix n’est pas remis en question, on croit en ce qu’on fait et on y prend beaucoup de plaisir. Mais c'est du temps administratif qui n’est pas du temps passé sur la mise en place des cultures, l’installation et le chantier qu’on a", commente la seconde agricultrice.

publié le 6 mai à 11h21, Cathy Gerig, 6Medias

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